Menaces de mort, insultes: une accusatrice de Tariq Ramadan placée sous protection policière

Henda Ayari a porté plainte contre X le 16 novembre dernier - BFMTV
"C’est déjà dur de dénoncer un viol, mais c’est encore plus dur de se faire traîner dans la boue derrière sur les réseaux sociaux." Depuis qu'elle accuse publiquement Tariq Ramadan de l'avoir violée, Henda Ayari est la cible d'insultes et de menaces de mort. A tel point qu'elle est désormais placée sous protection policière, indique son avocat au Parisien ce mercredi. Contactée par BFMTV.com, Henda Ayari confirme l'information.
La victime présumée de l'islamologue a porté plainte contre X pour "menace et insulte", le 16 novembre dernier, auprès de la brigade criminelle de Rouen, selon son avocat à BFMTV. "Suite à ma démarche, j’ai reçu une avalanche d’insultes et de menaces", affirme la plaignante au Parisien.
"J’ai l’impression d’être deux fois victime. Je ne m’attendais pas à autant de violence, d’acharnement."
Complot sioniste
Ancienne salafiste devenue militante féministe, Henda Ayari, 40 ans, a porté plainte contre le théologien suisse Tariq Ramadan, fin octobre dernier, pour viol, agression sexuelle, harcèlement et intimidation. Une enquête a été ouverte par le parquet de Paris. Tariq Ramadan, lui, récuse les faits et a porté plainte en retour pour dénonciation calomnieuse.
Depuis, Henda Ayari reçoit quotidiennement des menaces de mort et des messages d'une très grande violence sur les réseaux sociaux ainsi qu'à son domicile. "Les insultes et menaces évoquent que je serais payée par les juifs, les sionistes, que l’homme qui me battait [son ex-compagnon] devrait être respecté… Ils disent que je fais du fric en surfant sur l’islamophobie, également sur le sang des Palestiniens", raconte-t-elle au Parisien.
21 pages de messages violents
Selon Europe 1, la plaignante s'est présentée au commissariat avec 21 pages de messages violents et une clé USB contenant les vidéos qui la menacent. Les auteurs sont en grande majorité des hommes, précise la radio.
"Tu t’es fait bourré et tu oses parler de viol. Il faut les abbatres les femmes comme toi… il faudrait te jeter au milieux des daeshois qu’il te casse en mille qu’ils t’écartèlent" (sic), écrit notamment un internaute sur Facebook. "Certains disent que je devrais aller me suicider, en précisant que M. Ramadan est innocent", déplore Henda Ayari.
"Il faut vraiment qu'elles parlent"
"Pour moi, c'était important de me libérer pour pouvoir me reconstruire et surtout pour pouvoir dire à d'autres femmes 'trouvez le courage de parler'", confie-t-elle sur Europe 1.
"Il faut vraiment qu'elles parlent car plus on sera nombreuses à parler, plus justement on sera fortes. La peur et la honte doivent changer de camp."
Les accusations, fin octobre, d'Henda Ayari contre Tariq Ramadan ont libéré la parole d'une autre femme. Cette dernière, qui préfère rester anonyme, a également porté plainte pour viol contre Tariq Ramadan et a livré, à son tour, son témoignage.