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Police-Justice

Les zones d'ombres du meurtre de Mireille Knoll au coeur de la reconstitution

Mireille Knoll a été tuée le 23 mars 2018.

Mireille Knoll a été tuée le 23 mars 2018. - AFP

Une reconstitution du meurtre de Mireille Knoll, une octogénaire tuée dans son appartement parisien en 2018, est organisée ce jeudi à 13 heures par la justice. Elle doit tenter d'éclaircir certaines zones d'ombre alors que les deux suspects mis en examen se renvoient la responsabilité de ce crime.

Qui est l'auteur des coups de couteau qui ont été portés à Mireille Knoll? Qui a eu l'idée de mettre le feu au lit médicalisé de l'octogénaire? Quel est le mobile de ce crime commis le 23 mars 2018 dans un appartement parisien du XIe arrondissement? Autant de questions qui se posent encore plus d'un an après le meurtre de Mireille Knoll et dont la reconstitution organisée ce jeudi doit tenter de répondre. Un acte important d'autant que la confrontation de la semaine dernière n'a pas permis de faire avancer l'instruction.

Les deux suspects, mis en examen dans ce dossier pour "homicide volontaire à caractère antisémite", "vol aggravé" et "dégradation du bien d’autrui", vont être amenés à 13 heures au 2e étage de l'immeuble HLM où résidait l'octogénaire, en présence du juge d'instruction. Le fils de la victime ne croit pas que cet acte fera avancer la manifestation de la vérité. "Qu'est-ce que vous voulez qu'on attende de gens comme ça, ils sont pourris jusqu'à la moelle? Est-ce qu'il peut y avoir chez des gens si vils une étincelle d'humanité?", déplore Daniel Knoll.

Versions contradictoires

Le 23 mars 2018, Mireille Knoll a été poignardée à 11 reprises. Son corps a été retrouvé à moitié calciné dans son lit médicalisé. C'est l'incendie qui avait alerté une voisine qui avait prévenu les pompiers. Rapidement, les soupçons se portent sur deux jeunes hommes, dont la présence a été signalée par les habitants de l'immeuble. Tous deux se sont connus en prison. Le premier, Yacine Mihoub, est le voisin de Mireille Knoll. Décrit comme solitaire et présentant des problèmes d'addiction et des troubles psychiatriques. Il a été condamné dans le passé pour l'agression sexuelle de la fille de l'aide de vie de sa voisine octogénaire.

Le second, Alex Carrimbacus, est un marginal, connu de la justice pour avoir commis plusieurs vols. C'est lui qui a mis les enquêteurs sur la piste d'un possible crime antisémite. Au cours de ce 23 mars 2018, Yacine Mihoub a fait plusieurs allées et venues dans l'appartement de Mireille Knoll. Il a été aperçu par le fils de la victime buvant seul dans l'immeuble. Une fois revenu au domicile de sa voisine, il aurait appelé son ancien co-détenu. C'est là que les deux versions divergent. Yacine Mihoub affirme qu'Alex Carrimbacus a commencé à fouiller l'appartement et aurait tué la vieille dame.

Le mobile antisémite mis en doute

A l'inverse, Alex Carrimbacus accuse Yacine Mihoub de l'avoir appelé pour "un plan thunes". Il dit l'avoir vu voler des boîtes à bijoux, un chéquier. Selon lui, alors qu'ils sont tous les deux dans le salon de la vieille dame en train de boire un verre, l'ancien voisin de Mireille Knoll fait une allusion aux juifs qui ont "une bonne situation". Il aurait alors tué Mireille Knoll en hurlant "allahou Akbar". La justice avait alors retenu le caractère antisémite comme circonstances aggravantes.

Le mobile antisémite avait été remis en doute après des déclarations d'Alex Carrimbacus faites dans le bureau du juge au mois de mai 2018. Questionné sur ces fameuses conversations entre Yacine Mihoub et la vieille dame, il répond: "J'ai cru entendre ça, on peut croire entendre des choses qu'on n'entend pas", "j'étais sous le choc". Mais pour l'avocat de Mireille Knoll, le caractère antisémite ne fait aucun doute. C'est ce que doit également tenter d'éclaircir la reconstitution, probablement le dernier acte de l'instruction avant un procès l'an prochain.

"Manifestement le caractère antisémite est évidement. Madame Knoll est sensée être riche, avoir de l'argent. Qu'elle en ait ou qu'elle n'en ait pas, ça ne nous regarde pas. Ce n'est pas un crime purement crapuleux", Me Charles Baccouche.
Justine Chevalier