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Police-Justice

Les largesses de Liliane Bettencourt auprès de sa cour

Liliane Bettencourt, fille du fondateur du géant des cosmétiques L'Oréal, le 20 novembre 2002.

Liliane Bettencourt, fille du fondateur du géant des cosmétiques L'Oréal, le 20 novembre 2002. - Joël Saget - AFP

Des salaires de cadres supérieurs pour ses domestiques, une vie de roi pour son chien, une villa luxueuse… Le procès Bettencourt a démarré lundi après sept ans d'enquête sur le train de vie de la milliardaire. Il devra déterminer si les prévenus ont abusé de la générosité de la milliardaire, qui était aux petits soins avec ses proches.

Le volet "abus de faiblesse" de l'affaire Bettencourt s'est ouvert lundi à Bordeaux. Procès phare et fleuve de l'année, il va placer un rare coup de projecteur sur les coulisses, les us et rivalités qui existaient dans l'hôtel particulier de la douzième fortune mondiale, à Neuilly-sur-Seine. BFMTV vous révèle quelques secrets de la maison Bettencourt..

La "saga" Bettencourt a débuté en décembre 2007 avec la plainte de Françoise Bettencourt-Meyers à Nanterre contre François-Marie Banier, intime de sa mère depuis des années, et qu'elle soupçonnait d'abus de faiblesse. A l'appui de sa plainte, des enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt par le majordome, Pascal Bonnefoy.

Un salaire de 7.500 euros pour le majordome

La journaliste Marie-Françoise Etchegoin a enquêté sur les secrets de la famille Bettencourt pour son livre Un milliard de secrets. Elle dévoile les salaires mirobolants de la vingtaine de domestiques qui gravitent autour de la milliardaire: 7.500 euros mensuels pour le majordome, 11.000 euros pour la comptable qui a dénoncé François-Marie Banier, 6.000 euros pour une femme de chambre. Les cuisiniers, secrétaires, infirmiers, et manucures recevaient aussi de confortables revenus. Des salaires de cadres supérieurs auxquels pouvaient s'ajouter d'autres gratifications comme des dons annuels, des legs ou des appartements.

Le chien "soigné comme un roi"

L’argent liquide coulait à flots, jusqu’à 200.000 euros par mois. Des sommes soigneusement consignées dans un carnet.

Si l'héritière de L'Oréal entretenait des relations très proches avec ses domestiques, "la richesse a fini par contaminer toute la maisonnée", estime Marie-Françoise Etchegoin. Parmi cette véritable petite cour, le chien de la milliardaire a une place particulière et même un garde du corps dédié pour prévenir tout kidnapping. "Finalement le seul qui n'était pas tenu par les liens d'argent, c'était Thomas le teckel, encore qu'il était soigné comme un roi et mangeait dans une écuelle en argent. C'est le seul peut-être qui avait des relations sincères avec la milliardaire", juge la journaliste.

Tout ce petit monde vivait en vase clos dans l'immense villa sur cinq niveaux de la rue Delabordère, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) avec piscine intérieure et dressing de 50 mètres carrés.

Mais sa propriété la plus spectaculaire était celle de l’île d’Arros, aux Seychelles, dont l'existence a longtemps échappé au Fisc.

"Elle a été amoureuse deux fois"

Dans l’entourage de Liliane Bettencourt, parmi ceux qui profitent alors de sa générosité, il y a également l’artiste François-Marie Banier, par qui le scandale va arriver. Cet artiste mondain, volontiers canaille, apporte un peu de folie dans la vie bien réglée de la riche héritière. "Elle m'a dit qu'elle a été amoureuse deux fois", raconte Claude Delay, une amie proche de Liliane Bettencourt, qui pense que ces deux amours ont été son mari André et l'artiste.

Ces dons faramineux valent aujourd’hui à François-Marie Banier de comparaître devant la justice, avec neuf autres personnes. Il est soupçonné d’abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire, très âgée.

Sous tutelle depuis janvier 2012, elle ne se présentera pas au tribunal mais vit désormais retirée du monde dans sa villa, au milieu de toiles de maîtres comme Léger, Matisse, et Chirico.

K. L. avec Quentin Baulier et Fabrice Babin