Jeune Rom lynché: "le mobile, c'est la vengeance", assure le parquet

C'est dans ce camp, désormais désert, que vivait la famille de la victime. - -
Le visage et le corps ensanglanté, Darius, 16 ans, a été retrouvé inerte vendredi soir dans un chariot de supermarché, non loin du campement qu'il occupait depuis quelques semaines avec sa famille rom, à Pierrefitte-sur-Seine. Actuellement hospitalisé à Paris, l'adolescent est encore entre la vie et la mort, plongé dans le coma.
Selon les premiers éléments de l'enquête, le garçon a été enlevé par une douzaine de jeunes sous les yeux impuissants de ses proches dans le camp où il vivait, avant d'être probablement sequestré dans une cave de la cité, où il a été battu à mort. Il pourrait s'agir d'une expédition punitive destinée à lui faire "payer" un cambriolage dont il est soupçonné dans la cité.
"Ce drame n'est pas réductible à un antagonisme entre deux communautés", a déclaré mardi soir Sylvie Moisson, procureur de la République à Bobigny, lors d'une conférence de presse. "Ce drame est avant tout un acte de barbarie imputable à un groupe d'individus. Le mobile de ce lynchage, c'est la vengeance."
Une vengeance pour un présumé cambriolage
Joint par téléphone par BFMTV.com, une source policière a indiqué qu'il y a une semaine, le jeune homme agressé avait été placé en garde à vue pour un "vol par effraction" dans un immeuble, non loin de cette cité. Déféré devant le parquet, il avait finalement été relâché. Toujours selon cette source, l'adolescent pourrait avoir perpétré dans la semaine un autre "vol avec effraction", dans la cité cette fois-ci, un acte pour lequel ses agresseurs auraient voulu se venger.
"Il y a d'un côté un cambriolage avéré au sein d'un appartement de la cité des Poètes dont le butin se réduit à quelques bijoux, car l'auteur est mis en fuite par un très jeune témoin", a confirmé la procureur dans la soirée. "La description faite par ce jeune témoin pourrait correspondre au jeune qui a aussitôt été pourchassé, enlevé, séquestré, battu et laissé pour mort."
Enquête pour "tentative d'homicide volontaire"
"L'enquête est très compliquée. Oui, ce jeune était connu des services de police pour des faits de cambriolage, mais a-t-il été agressé de manière ultraviolente pour ce motif-là? Etait-il véritablement ciblé, ou a-t-il été battu à mort parce qu'il était Rom?", s'interroge de son côté Christophe Ragondet, responsable du syndicat Alliance en Seine-Saint-Denis, joint par téléphone.
Une enquête a été ouverte pour "tentative d'homicide volontaire en bande organisée", a indiqué le parquet. Les auteurs encourent la réclusion criminelle à perpétuité.