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Police-Justice

"Je ne pensais pas voir ça": la course-poursuite d'un Rafale avec un avion transportant de la drogue

Un avion de chasse Rafale de l'armée de l'air française. Photo d'illustration.

Un avion de chasse Rafale de l'armée de l'air française. Photo d'illustration. - Nicolas TUCAT © 2019 AFP

Samedi 24 juin, un Rafale a intercepté un avion de tourisme ayant survolé Fessenheim, avant de larguer de la méthamphétamine en Ardèche. Le pilote et capitaine Cyril a livré le récit de cette histoire hors du commun.

C'est une histoire digne d'un film américain à gros budget qu'a vécu le capitaine Cyril, samedi 24 juin. Alors qu'il était stationné dans les Bouches-du-Rhône, en train de préparer un email, le pilote de chasse de l'armée de l'Air a été appelé en urgence pour une mission hors norme: intercepter un avion de tourisme qui venait d'illégalement survoler Fessenheim.

Une mission qui l'amènera à débusquer un livreur de drogues, avant que celui-ci ne finisse par larguer sa cargaison en Ardèche. Cette histoire rocambolesque, il en a fait le récit au quotidien régional La Provence.

Dès que l'alerte a été sonnée, le pilote de chasse s'est rendu "le plus vite possible" jusqu'à un hangar où deux avions de chasse Rafale sont, en permanence, prêts à décoller. Avant de partir, les informations dont il disposait étaient minces:

"[Le message concernait] un avion de tourisme qui faisait le trajet Allemagne-Espagne. Il venait de survoler sans autorisation la centrale nucléaire de Fessenheim et avait un comportement un peu suspect", raconte-t-il.

Une fois dans les airs, le capitaine a retrouvé en l'espace de dix minutes l'appareil suspect. Il y voit un pilote au comportement "agité" et remarque que des paquets sont largués depuis l'avion. Il s'agit des colis contenant des métamphétamines retrouvés plus tard en Ardèche.

Course-poursuite de haut vol

Après avoir tenté - sans succès - d'établir la communication avec le pilote grâce à sa radio, celui-ci a tenté de prendre la fuite. Dès que le Rafale s'est approché, l'autre avion a "immédiatement" pris la fuite. "Mon rôle à ce moment-là est de garder le contact visuel et de continuer la poursuite pour qu'il ne m'échappe pas", raconte Cyril au quotidien. Une manœuvre délicate pour l'avion de chasse qui doit s'adapter à la vitesse d'un appareil considérablement plus lent.

Après "quelques minutes" de ballet aérien, d'approches et de tentatives de communication infructueuses, le militaire a tenté d'ordonner au fuyard de le suivre jusqu'à Valence. En vain. Pendant le vol, le pilote fuyard a aperçu l'aérodrome d'Aubenas en Ardèche puis a "de nouveau pris la fuite pour s'y poser".

"Je ne pensais pas voir ça un jour"

Une fois arrivé à l'aérodrome d'Aubenas, toujours sous le regard du capitaine, l'appareil de livraison de stupéfiants s'est posé. Le conducteur y a abandonné son moyen de transport, préférant prendre la fuite à pied.

"Je suis resté une demi-heure sur place à le chercher dans la garrigue, ce n'était pas évident", se remémore le pilote de chasse.

Finalement, la gendarmerie a poursuivi la traque à sa place, avant que le fuyard ne soit interpellé à Orange pas le GIGN. Au terme d'un long jeu "du chat et de la souris", Cyril semble heureux de cette expérience digne de Top Gun:

"Je ne pensais pas voir ça un jour. Mais on s'entraîne sans cesse pour savoir comment réagir automatiquement dans ce genre de cas atypique", précise-t-il à nos confrères.

L'intervention du pilote a permis de débusquer 30 kg de poudre blanche et l'équivalent de 45.800 euros en argent liquide. Le livreur, un homme de nationalité polonaise déjà connu par la justice française pour des infractions liées aux stupéfiants, a été placé en garde à vue. Il doit être présenté au parquet en vue de poursuites pénales.

Tom Kerkour