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Police-Justice

Affaire Ramadan: les doutes des enquêteurs sur l'une des femmes qui l'accusent de viol

Tariq Ramadan est accusé de viol par plusieurs femmes

Tariq Ramadan est accusé de viol par plusieurs femmes - Mehdi Fedouach - AFP

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris rend ce jeudi sa décision concernant la demande de démise en examen déposée par Tariq Ramadan. La défense de l'islamologue suisse, mis en examen pour viol, s'est notamment appuyée sur les doutes des enquêteurs de la Brigade Criminelle, perplexes quant aux faits dénoncés par les plaignantes.

Suffisamment d'indices graves et concordants sont-ils toujours réunis à l'encontre de Tariq Ramadan, mis en examen pour deux viols présumés? Pour la défense de l'islamologue suisse, la réponse est non. Au mois de janvier dernier, son avocat, Me Marsigny, a plaidé une demande de "démise en examen" devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris. L'objectif? Que son client passe du statut de mis en examen à celui de témoin assisté, un non-lieu étant impossible lors de l'instruction judiciaire après avoir été mis en examen dans un dossier. La réponse de la justice sera rendue ce jeudi.

Une accusation mise en cause

Pour appuyer sa demande, la défense de Tariq Ramadan s'est basée sur des procès-verbaux des enquêteurs de la Brigade Criminelle édités fin novembre. Au cours de leurs investigations, les policiers se sont penchés sur des SMS envoyés en 2009 par l'une des femmes qui accuse l'islamologue de viol, qui a été surnommée Christelle. Dans l'un d'eux, elle écrit: "Ta peau me manque. Tu m'as manqué dès que j'ai passé la porte." En octobre dernier, Tariq Ramadan avait d'ailleurs reconnu avoir eu des relations sexuelles consenties avec cette femme.

En octobre 2017, Christelle a porté plainte contre Tariq Ramadan pour viol. Cette femme y dénonce "des scènes de violence d'une grande brutalité" qui se seraient produites en 2009 dans un grand hôtel de Lyon. Elle témoigne avoir contacté l'islamologue après sa conversion à l'islam et l'aurait alors rencontré pour la première fois à cette occasion. "C'est des coups, des violences sexuelles, des mots ignobles, d'une vulgarité sans nom. Je hurlais au secours, je hurlais 'non' et plus je hurlais, plus il cognait", avait-elle raconté à BFMTV.

Des déclarations "fluctuantes"

Les enquêteurs ont des doutes sur cette version. Les SMS relevés par la Brigade Criminelle ont été "transmis après les faits supposés", écrivent les policiers. Ils "laissent perplexe, car la plaignante semble ravie de la nuit passée". Au fil de la lecture de ces messages, les enquêteurs notent des déclarations "surprenantes et fluctuantes", alternant entre les messages d'amour et les reproches.

La plaignante déplore dans ces messages par moment son comportement brutal et son égoïsme. "J'étais venue ce jour-là d'octobre pour du bio, je n'ai eu que du Mac do Frelaté", envoie Christelle, une femme décrite comme "véhémente" par les policiers, à Tariq Ramadan. "La plaignante n'emploie jamais le mot viol, elle parle de violences. Elle semble blessée dans son amour-propre. Et n'emploiera le mot viol qu'après un rendez-vous avec un avocat", précisent encore les enquêteurs.

Des accusatrices jamais entendues

Pour l'avocat de Tariq Ramadan, Me Marsigny, l'accusation tombe avec ces procès-verbaux: "On peut s'interroger sur la crédibilité d'un dossier qui je le rappelle ne repose que sur les accusations, que sur la crédibilité de ces accusations et des accusatrices. Aucun élément objectif, aucun certificat médical, rien jamais n'est venu corroborer les accusations portées." La défense s'est d'ailleurs appuyée sur ces PV pour porter plainte en février contre les trois accusatrices de l'islamologue pour "dénonciation calomnieuse" et "dénonciation d'une infraction imaginaire".

L'avocat de Christelle, Eric Morain a dénoncé auprès de l'AFP en janvier dernier les conclusions de "la brigade criminelle qui n'a jamais entendu ni vu une seule plaignante" et se prononce "avant même que ma cliente s'explique sur ces messages". "C'est l'opinion des juges qui importe dans le dossier, rien d'autre", a-t-il ajouté.

Cécile Ollivier avec Justine Chevalier