Réouverture de Notre-Dame: le trafic des bateaux interdit sur une partie de la Seine, les exploitants en colère

Lors du week-end de réouverture de Notre-Dame de Paris ces 7 et 8 décembre, les bateaux-mouches n'auront pas l'autorisation de circuler à proximité de l'édifice sur la Seine. Les cadors du trafic fluvial sur la Seine déplorent un manque de concertation pénalisant leur commerce.

Les bateaux-mouches ne sont pas conviés aux célébrations pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, ces 7 et 8 décembre. Le trafic fluvial, commercial et touristique sur la Seine sera à l'arrêt dans le secteur alors que des cérémonies laïque et religieuse sont prévues à la cathédrale avec un afflux important de visiteurs mais aussi de personnalités, dont des chefs d'État.

"Aucune concertation"

Les propriétaires et gestionnaires de ces navires regrettent amèrement cette situation, d'autant plus qu'ils dénoncent une communication très tardive de la mairie de Paris.

"On ne l'a su que jeudi (28 novembre) dernier. On s'attendait à un dispositif exceptionnel forcément mais de là à ce que la totalité de nos activités soit fermée durant deux jours...", a déploré Ghislain de Richecourt, PDG des Vedettes du Pont-Neuf, sur BFM Paris Île-de-France.

Didier Leandri, président des Entreprises fluviales de France, confirme, auprès de BFMTV.com, une information délivrée "extrêmement tardivement et sans aucune concertation". Les Voies naviguables de France "ont officiellement communiqué dessus le 3 décembre", soit ce mardi, indique-t-il.

Des croisières annulées ou raccourcies

Deux bras de la Seine, au nord et au sud, vont être fermés ce week-end. Certains bateaux, comme ceux dont le port d'attache est au Pont-Neuf ne pourront ainsi pas circuler. D'autres "feront des croisières plus courtes en supprimant un des points les plus importants qui est Notre-Dame", confirme Ghislain de Richecourt.

Des circuits, situés notamment à l'ouest des îles, pourront naviguer sans pouvoir respecter leur plan de transport. Un changement qui provoquera, selon Didier Léandri, des indemnisations pour les clients.

Au total, une centaine de croisières organisées ce week-end vont être affectées. Le manque à gagner est estimé par le secteur à un à deux millions d'euros de pertes de chiffre d'affaires. Pour les vedettes du Pont-Neuf, 5.000 personnes étaient inscrites ou attendues. "On essaye de reporter, beaucoup annulent, ce qui donne un problème d'image", dénonce le PDG.

Le transport de marchandise à l'arrêt

Le tourisme n'est pas le seul secteur du trafic fluvial à être concerné. Le transport logistique et de marchandise, qui transite par la Seine pour rejoindre Rouen et le Havre est également interdit de circulation. Lors de ce week-end, Didier Léandri estime qu'une trentaine de bateaux avec une capacité de charge de 2.000 tonnes ne pourront pas traverser Paris.

Un arrêt du trafic qui aura aussi des conséquences au niveau des ports normands. "Les bateaux là-bas sont déchargés pour charger des bateaux de mer qui n'attendent pas." Ce qui représente "un coût extrêmement élevé" même si l'impact est difficilement mesurable.

Les deux dirigeants estiment avoir été "beaucoup plus impliqués" dans le processus en amont des Jeux et dénoncent "une attitude choquante", alors que cette nouvelle leur "tombe dessus au dernier moment" dans un contexte financier déjà perturbé par une année "très compliquée".

Éviter "l'habitude par précaution"

À l’exception de la période avant les Jeux, le président des Entreprises fluviales de France assure ne pas se rappeler pas de périodes d'interdiction comme celle-ci, citant même l'exemple des jours ayant suivi les attentats de 2015 où la flotte avait, certes, été contrôlée avec des policiers pouvant monter à bord mais autorisée.

"On ne peut que spéculer sur le niveau de sécurité de la menace telle qu'elle est évaluée. Ils doivent estimer que ces précautions doivent être prises." Néanmoins, "on ne veut pas que l'habitude soit prise par précaution", ajoute-t-il.

Sur la Seine, les péniches des quais bas rive gauche devront fermer à partir de samedi matin et pour tout le week-end. Pour cet évènement, un important dispositif de sécurité est aussi prévu sur terre avec la mise en place d'un périmètre de protection anti-terroriste.

"6.000 fonctionnaires de police, militaires de la gendarmerie nationale et militaires sous l’autorité du gouverneur militaire de Paris seront mobilisés du 6 au 9 décembre", indique la préfecture de police de Paris à BFMTV.

Deux hélicoptères en astreinte, une équipe anti-drones et des tireurs d'élite de la Garde Républicaine seront également prévus.

Arthus Vaillant