L'Union des victimes de Lubrizol révèle de nouvelles analyses sur la "contamination des eaux souterraines"

L'incendie de l'usine chimique Lubrizol de Rouen le 26 septembre 2019 - Jean-Jacques GANON © 2019 AFP
Ils sont en colère et veulent alerter sur les conséquences de l'incendie de Lubrizol à Rouen du 26 septembre 2019. Quatre ans après le drame, l'Union des Victimes de Lubrizol (ULV) met en garde dans un communiqué de presse publié ce mardi 21 novembre, sur la contamination des eaux souterraines. Pour eux, "il n'y a pas de doute sur l'atteinte à l'environnement" au regard de différents rapports d'analyses des eaux souterraines de Lubrizol, fournis par la préfecture à l'association.
Dans son communiqué, l'association présente trois campagnes d'analyses: octobre 2020, décembre 2022 et avril 2023 sur différents piézomètres (Pz), c'est-à-dire sur différents forages.
La présence de plusieurs polluants est mise en avant: hydrocarubres aromatiques polycycliques (HAP), métaux lourds, perfluorés et polyfluorés (PFAS) aussi appelés "polluants éternels".
Ainsi "même si ces mesures sont parfois au-dessous des seuils d’alerte, et même si la préfecture s’empresse de nous notifier que ces eaux ne sont pas consacrées à la consommation humaine, les faits sont là: les eaux souterraines n’en demeurent pas moins contaminées par les résidus de l’incendie et des eaux d’extinction de celui-ci", fustige l'Union des Victimes de Lubrizol.
Des polluants "potentiellement cancérogènes"
Une situation inacceptable pour les victimes de l'incendie, d'autant plus que "le contaminateur" n'a pas été jugé. "Quatre ans d’enquête, et pendant ce temps, la contamination de Lubrizol perdure, continue de souiller les eaux souterraines", se désolent ces derniers.
L'association souligne que ces polluants sont "potentiellement cancérogènes" pour les HAP ou "peuvent entraîner des problèmes de santé tels que lésions hépatiques, maladies thyroïdiennes, problème de fertilité et cancers" pour les polluants éternels.
Interrogé par 76actu, qui a révélé ces analyses, Matthieu Fournier, enseignant-chercheur à l’université de Rouen estime que "la pollution des eaux souterraines est avérée". Pour lui, le lien entre l'incendie et la présence de polluants est évident. "La combustion des huiles moteur produites chez Lubrizol génère des HAP", indique-t-il à nos confrères et ajoute qu'on retrouve des PFAS "dans les mousses d'extinction utilisées par les pompiers".
D'autres analyses attendues
L'association ne compte pas en rester là et a déjà évoqué auprès de la préfecture une "demande verbale" pour "obtenir les résultats de la prochaine campagne d’analyses, qui selon la déclaration des représentants de Lubrizol, devrait avoir lieu en cette fin d’année".
"À noter que nous sommes toujours en attente d’éventuels résultats d’analyses de suivi des eaux de la darse de Seine, polluée par les rejets de l’incendie". Malgré les relances auprès de la préfecture de Seine-Maritime, de la DREAL et de Haropa Port, "celles-ci ne nous ont toujours pas été fournies", regrette l'ULV.
Quatre ans après l'incendie, qui n'avait pas fait de victimes, ses retombées et conséquences sur le long terme inquiètent toujours. Depuis l'incendie, Lubrizol affirme que l'incendie s'est déclaré dans la société voisine. Une thèse contredite par les conclusions d'une expertise complémentaire rendue en début d'année, qui privilégie l'hypothèse d'un départ de feu sur le site de Lubrizol.
La société est notamment mise en examen pour "déversement de substances nuisibles dans les eaux", "rejet en eau douce de substances nuisibles au poisson".