Cétacé échoué en Seine-Maritime: une association alerte sur les "risques bactériologiques"

Un risque sanitaire? Au lendemain de l'échouage d'un rorqual commun sur une plage de Saint-Valery-en-Caux (Seine-Maritime), le 19 avril dernier, la carcasse du cétacé avait été emportée par la marée montante.
Les conditions météorologiques et de navigation avaient rendu impossible toute opération d'évacuation de la carcasse, avait expliqué la préfecture du département.
Près de deux semaines après cet échouage, l'association "Robin des Bois" alerte toutefois sur les risques bactériologiques que représente la dérive de la carcasse.
Des "gaz toxiques"
La "décomposition totale" de la carcasse peut prendre "deux à trois ans", explique Jacky Bonnemains, porte-parole du collectif, au micro de BFM Normandie.
"Pendant ce temps-là, la carcasse se liquéfie, dégage des gaz toxiques: de l'ammoniaque, de l'hydrogène sulfuré, du méthane. Et libère des bactéries qui peuvent aller contaminer les coquillages que les gens viennent pêcher", alerte le représentant de l'association.
Cette dernière a adressé une lettre ouverte au préfet de Seine-Maritime le 27 avril dernier, demandant l'évacuation de la carcasse du cétacé.
"Il nous paraît indispensable, malgré les difficultés d'accès, de procéder dans les meilleurs délais à l'enlèvement et à l'autopsie de la carcasse, écrit l'association dans sa lettre. Sa décomposition sur place induirait à terme des risques bactériologiques, en particulier pour les usagers du littoral."
Un risque lié aux canaux des centrales nucléaires
Au-delà des conséquences sanitaires liées à la dérive du cétacé, l'association alerte également sur les "risques nautiques".
La préfecture avait assuré, lorsque la carcasse avait été emportée par la marée, qu'elle ferait l'objet d'un "suivi régulier de sa position" afin d'éviter les "dangers de collision" avec les navigateurs.
"Ils envisagent de mettre une balise de géolocalisation sur la carcasse, de façon à suivre ses mouvements" si elle venait à s'approcher des canaux d'eau de refroidissement des centrales nucléaires de Penly et Paluel, explique Jacky Bonnemains.
"Ça s'est déjà vu, que des canaux soient bloqués par des bancs de poissons ou des algues, ce qui obligeait les réacteurs qui étaient en marche à se mettre en arrêt d'urgence", poursuit-il.
Le chantier éolien mis en cause
Dans son communiqué datant de lundi dernier, la préfecture assure avoir localisé la carcasse du cétacé, qui s'est finalement "naturellement échouée en pied de falaise sur la commune de Veules-les-Roses" après plusieurs jours de dérive.
Mais sa position actuelle ne permet toujours pas de mettre en place une opération d'évacuation. "La carcasse a été localisée à moins de 15 mètres du pied d'une falaise de 60 mètres de haut, dans une zone concernée par le recul du trait de côte, présentant des risques de chutes de pierres et d'éboulement de rocheux", explique la préfecture.
Elle ajoute que les possibilités étudiées pour évacuer la carcasse du cétacé ont "permis d'établir qu'il était impossible de la récupérer de manière sécurisée, sans mettre en danger les acteurs intervenants".
En plus de demander à la préfecture l'évacuation de la carcasse pour prévenir les risques sanitaires, les associations "Robin des Bois" et "Sea Shepherd France" demandent également des autopsies du cétacé, et de celui échoué le 20 avril sur une plage de la commune de Veules-les-Roses.
Les associations mettent en cause le chantier éolien en mer de Fécamp, situé à une quarantaine de kilomètres du point d'échouage des cétacés. Elles dénoncent le "niveau de pollution sonore" généré par ce chantier, qui perturbe l'environnement des cétacés.
"Les baleines sont extrêmement sensibles au bruit, qui les désoriente, les empêche de communiquer et de se nourrir et qui peut même aller jusqu’à causer des hémorragies internes et entraîner la mort", avait expliqué "Sea Shepherd France", qui avait alors demandé l'ouverture d'une enquête.