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Plan "Marseille en grand": Benoît Payan tacle le rapport "approximatif" de la Cour des comptes régionale

Le maire de Marseille, Benoît Payan, le 29 janvier 2023

Le maire de Marseille, Benoît Payan, le 29 janvier 2023 - CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

Invité de France Inter ce mercredi 20 novembre, le maire de la deuxième ville de France juge ce document de 108 pages "très politique", "très opportun" et défend l'avancée du projet.

Les termes sont salés: suivi "indigent", "défaut de cohérence", "insuffisances intrinsèques"... Il y a un mois, la Cour des comptes régionale (CRC) rendait un rapport au vitriol sur le plan Marseille en grand. 108 pages au cours desquelles elle dresse un constat édifiant, le désignant encore comme "inabouti, fragile, surévalué et aux effets incertains."

Ces conclusions agacent fortement Benoît Payan. Invité à réagir durant la matinale de France Inter ce mercredi 20 novembre, le maire de Marseille fustige un rapport "approximatif", "très politique" et "très opportun".

"J'ai lu beaucoup de rapports de la Cour des comptes dans ma vie. Et des rapports aussi politiques que celui-là j'en ai rarement vus", cingle l'édile étiqueté Printemps marseillais. [...] "Un juge ne juge pas en opportunité, et encore moins un juge financier, et encore moins un magistrat financier."

Un plan chiffré à 5 milliards d'euros

Annoncé en grande pompe par Emmanuel Macron en septembre 2021, le plan Marseille en grand vise à transformer la deuxième ville de France. Cinq milliards d'euros de budget, partagés entre les collectivités et l'État, pour lui permettre de rattraper son retard en termes d'écoles, de transports ou encore de logement.

Selon la CRC, ce plan a été lancé "sur les seuls effets d'annonce du président de la République" sans pilotage, sans études en amont et sans calendrier clair.

Une critique contre laquelle Benoît Payan réplique de manière frontale: "Un magistrat, pour faire un rapport, il met un an. Et ils vont me demander à moi d'être aussi rapide pour construire une école qu'eux pour écrire dix pages".

"Ils confondent les carottes et les poireaux"

Pour le maire de Marseille, le rapport est construit sur une incompréhension. "Ils se trompent en fait. Ils confondent les carottes et les poireaux. Pour des magistrats, je trouve ça assez effrayant de ne pas comprendre ce qu'est une autorisation de programme ou un engagement financier."

L'essentiel du budget, poursuit-il, n'est pas d'ailleurs pas fourni par l'État. "Les écoles, c'est 1,5 milliard, la charge de l'État, c'est 400 millions d'euros. Les transports, c'est 1 milliard, la charge de l'État, c'est 200 millions d'euros. Quand on dit 5 milliards d'euros, il faut comprendre de quoi on parle. Ce n'est pas 5 milliards d'euros de l'État", mais plutôt 750 millions d'euros. "Il faut tordre le cou à ces bêtises qu'on raconte", plaide Benoît Payan.

Ce budget alimente un projet pharaonique devant "restructurer une ville qui pendant des décennies et des décennies a été laissée presque pour compte". "Il s'agit de faire de la rénovation urbaine pour quasiment 650 millions d'euros. Je vous laisse imaginer à quel point c'est compliqué et à quel point il faut du temps."

Benoît Payan insiste: le plan Marseille en grand progresse et les habitants le constatent. "Ils voient des écoles sortir de terre", assure-t-il. Selon les prévisions municipales, 17 seront inaugurées cette année, 70 d'ici à la fin de mandat. Et le maire phocéen de reprendre son argumentaire: "Ils voient qu'on est en train de poser des rails pour les tramways. On ne fait pas des vérandas avec Marseille en grand. On ne repeint pas des pots de plantes".

Sauvegarder "l'essentiel"

Au-delà des éléments mis en exergue par la Cour des comptes, une autre menace pèse sur Marseille en grand. Compte tenu des coupes budgétaires attendues dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, Benoît Payan devra-t-il se résoudre à faire des sacrifices?

"Rien n'est sûr dans la vie. Je vais me battre pour que l'argent des écoles et l'argent de la mobilité -et vous savez qu'on n'est pas tout à fait de la même sensibilité avec la métropole- soit sanctuarisé", prévient le quadragénaire. À ses yeux, ce qui constitue "l'essentiel", "c'est la rénovation urbaine, les transports, les écoles et le logement". Il s'agit là "d'impératifs à Marseille".

Mais le maire de Marseille craint que "ce que nous propose le gouvernement de Monsieur Barnier dans son projet de loi de finances, si c'est appliqué", fasse des dégâts. Benoît Payant table sur une coupe de 50 millions d'euros de dotations en 2025, 60 en 2026 et 70 en 2027.

"Pour 2025, c'est l'intégralité du salaire de mes policiers municipaux, c'est l'intégralité de ma cantine scolaire -80.000 gamins tous les midis- et c'est une école que je supprime", expose-t-il.

Au total, c'est une contribution de "5 milliards d'euros" qui est demandée aux collectivités, dont 3 milliards aux 450 plus grandes dans ce projet de loi. Benoît Payan y voit rien de moins qu'une "saignée". Un avis partagé par un important nombre d'élus locaux.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions