Mort de Jean-Claude Gaudin: quel héritage l'ancien maire lègue-t-il à Marseille?

De la création du Mucem à la rénovation massive du stade Vélodrome, en passant par le drame de la rue d'Aubagne... L'héritage laissé par Jean-Claude Gaudin est omniprésent aujourd'hui dans la cité phocéenne.

En ce lundi 20 mai, synonyme de Pentecôte, la ville de Marseille dit adieu à Jean-Claude Gaudin. L'ancien maire (LR) de la cité phocéenne est mort à l'âge de 84 ans, et laisse derrière lui 25 ans de travail à la tête de Marseille.

L'ancien vice-président du Sénat, créateur et ex-président de la métropole d'Aix-Marseille-Provence, mais aussi de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, et dans le même temps ex-ministre de la Ville sous Jacques Chirac (entre autres), est indéniablement l'un des fondateurs de ce que représente aujourd'hui Marseille, qui a récemment rayonné aux yeux du monde avec l'arrivée de la flamme olympique dans le Vieux-Port.

2013, année phare du "Vieux Lion"

Le Vieux-Port, justement, est l'un des symboles des mandats successifs de Jean-Claude Gaudin à Marseille. C'est sous la houlette de l'édile surnommé parfois le "Vieux Lion" qu'en 2013, un "nouveau" Vieux-Port est inauguré, laissant davantage de place pour les piétons. Cette livraison de la nouvelle version de l'historique port marseillais se fait dans le cadre d'une année d'autant plus symbolique pour Marseille et son maire.

Marseille se voit en effet être désignée capitale européenne de la Culture en 2013. Pour l'occasion, la municipalité dirigée par Jean-Claude Gaudin a notamment créé le premier "grand musée national consacré à la Méditerranée", comme évoqué sur son site, avec le Mucem (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée).

Un lieu de culture donc, voulu par Jean-Claude Gaudin afin de donner à Marseille son premier musée national, d'ailleurs inauguré en la présence de François Hollande lors d'une cérémonie en point d'orgue de la nomination de la cité phocéenne comme capitale de la culture.

"Aboutissement"

La culture et le sport ne font parfois qu'un, Jean-Claude Gaudin l'avait bien compris. Sous son dernier mandat comme maire, le natif du quartier de Mazargues avait aussi été l'un des initiateurs de la rénovation du stade Vélodrome, dans le cadre de l'Euro 2016 de football dont la France était le pays hôte.

Capacité accrue, architecture modernisée et propice à la résonance des chants de supporters, le Vélodrome est aujourd'hui perçu comme l'un des plus beaux stades de France, redouté des adversaires de l'Olympique de Marseille et prisé par les promoteurs d'artistes internationaux. Un stade qui a même vu le Pape François venir y donner une messe exceptionnelle en septembre 2023.

Une bénédiction suivie de près par l'ancien maire, cathloique revendiqué, qui voyait chez nos confrères du Point "un aboutissement" dans la venue du Souverain pontife en terre marseillaise.

Cette fierté n'était toutefois pas la seule, puisqu'une autre de ses "plus belles réussites" concernait le cœur de son entreprise: les Marseillais.

A maintes reprises, il s'est notamment félicité d'avoir aidé la population locale à retrouver du travail, en joignant à la revendication répétée des chiffres: de 22% à son arrivée en 1995, le taux de chômage moyen de Marseille est aujourd'hui de 11%.

Jean-Claude Gaudin, l'ancien maire de Marseille, est mort à l'âge de 84 ans

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"C'est une ville où il y a plein de richesses et où je me suis battu pour que des industries qui étaient sur le territoire de la commune, des grandes entreprises à succès comme Haribo, (...) restent à Marseille", se vantait Jean-Claude Gaudin sur BFMTV.

La rue d'Aubagne dans les mémoires

Si le tableau de l'héritage laissé par Jean-Claude Gaudin dans sa ville natale peut-être salué, des tâches d'ombre existent sur son bilan à la tête de Marseille. La plus grande d'entre elles reste sans doute ce qu'il qualifiait lui-même de "drame" qu'il n'avait jamais vécu auparavant: l'effondrement des deux immeubles de la rue d'Aubagne, le 5 novembre 2018.

Au cours de ce lourd accident, huit personnes sont mortes ensevelies sous les décombres des bâtiments, dont l'un appartenait à la ville de Marseille. Une tragédie qui vient alors mettre en lumière un problème sous-jacent, et jamais vraiment réglé, de la cité phocéenne: l'insalubrité des logements de multiples quartiers.

Des milliers de personnes sont évacuées de logements déclarés en "péril imminent" à la suite du drame de la rue d'Aubagne. Des associations accusent la mairie d'avoir ignoré les alertes.

"Ça me hante chaque jour, en 24 ans je n'ai jamais connu un drame pareil", assurait Jean-Claude Gaudin. Un aveu qui n'a jamais vraiment calmé la colère de certains riverains qui, devant la mairie, ont hurlé pendant des semaines "Gaudin, assassin!".

"Pas de baguette magique"

En parallèle des logements, ce sont aussi les écoles marseillaises, souvent en proie à des manques de personnel, qui sont souvent pointées du doigt pour leur état de délabrement avancé.

Plus globalement, les opposants dressent un bilan moins reluisant des 25 années de Jean-Claude Gaudin passées comme maire de Marseille, critiquant un réseau de transports en commun insuffisant, mais aussi une ville parmi les plus polluées de France et des quartiers populaires délaissés. Fin 2019, la Chambre régionale des comptes accablait d'ailleurs sa gestion, de l'immobilier au personnel.

Déjà affaibli par une enquête sur le temps de travail de ses agents, le maire fustigeait alors "le pamphlet le plus stigmatisant, imparfait, injuste et infondé".

Un bilan finalement contrasté, avec des réussites et des échecs, mais avec un amour de sa ville inconditionnel comme résumé par son ancien adjoint Julien Ruas, ce lundi 20 mai sur BFM Marseille Provence. "Lui-même le disait: 'je ne réussis pas tout, je n'ai pas de baguette magique', mais soyez certains que du matin où il se levait jusqu'au soir où il se couchait, il ne pensait qu'à une chose, la ville de Marseille (...)."

Alexis Lalemant avec AFP Journaliste