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Meurtre à Marseille: un tueur à gage de 14 ans, recruté sur les réseaux sociaux, suspecté des faits

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Les premières investigations de la police judiciaire révèlent un impensable scénario ayant abouti à la mort de la victime, employée comme chauffeur VTC. Un détenu de la prison de Luynes a donné aux enquêteurs des éléments qui ont permis l'interpellation d'un suspect de 14 ans, engagé comme tueur à gage.

Des faits "glaçants". Un jeune homme de 14 ans est soupçonné d'avoir tué un chauffeur VTC à Marseille dans la nuit du jeudi 3 au vendredi 4 octobre. Ce dernier a été retrouvé mort d'une balle dans la tête dans un véhicule et selon les informations de BFMTV, la victime n'était pas la cible d’un règlement de comptes.

Cette dernière a eu un différend, dont la nature reste à déterminer, avec son passager avant que ce dernier ne lui tire dessus. Très grièvement blessé à l’arrière du crâne, le conducteur est ensuite venu encastrer son véhicule, une Renault Kadja, dans l'entrée d'une école et d'un collège situés non loin de la gare Saint-Charles.

Après ces faits, les établissements n'ont pas ouvert leurs portes ce vendredi. Devant, les parents d'élèves restent choqués. "Comment ne pas penser à mon fils", s'interroge une mère auprès de nos confrères de La Provence.

35% de mineurs dans les affaires liées aux trafics de stupéfiants à Marseille

L'âge du suspect, interpellé par la police quelques heures après les faits, "glacent" les familles et les syndicats enseignants. Le responsable du syndicat national des enseignements du second degré (Snes-FSU), Ramadan Aboudou, évoque auprès de La Provence "une situation glaçante où le principal suspect a l'âge d'un ado."

Il poursuit en assurant que "cette situation rappelle que chaque jeune doit avoir sa place à l'école le plus longtemps possible, soit 16 ans comme le dit la loi, voire 18 ans pour qu'ils accèdent à un esprit critique qui leur fera refuser la violence.

Du côté de la police, le son de cloche est le même. Interrogé par BFMTV ce samedi 5 octobre, Rudy Mana, porte-parole du syndicat Alliance Police nationale, indique qu'en "23 ans" de carrière à Marseille, il n'avait "jamais vu une affaire comme celle-ci".

"Depuis 4/6 ans, l'insécurité est devenu absolument dramatique malgré les efforts incroyables des services de police (...) malheureusement ce trafic de stupéfiants ramène des sommes colossales d'argent."

Dans la cité phocéenne, les réseaux marseillais recrutent de plus en plus de jeunes adolescents. En 2024, dans les zones urbaines des Bouches-du-Rhône, dans les affaires liées aux trafics de stupéfiants, 35,87% des personnes mises en cause sont mineures, selon une source policière à BFMTV.

Si les recrues participent activement au trafic, certains sont aussi recrutés comme tueurs à gage. Engagé par des organisations criminelles, très souvent sur les réseaux sociaux comme Snpachat, un jeune tueur à gage peut espérer gagner entre 20.000 et 30.000 euros par assassinat.

"À Marseille, les acteurs de ce trafic de stupéfiants ont globalement entre 14 et 21 ans, pas beaucoup plus", confirme Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme, interrogé par BFMTV. "C'est la cour de récréation, sauf que dans la cour de récréation ils ont des armes en plastique", poursuit ce dernier pour qui "la violence est totalement débridée".

Interpellé grâce à l'appel d'un détenu

Dans cette affaire, le suspect a pu être interpellé grâce à un coup de téléphone. Moins d’une heure après les faits, un homme a appelé la police avant de se revendiquer du gang de narcotrafiquants marseillais de la DZ Mafia, et d'expliquer qu’il était le commanditaire de cet assassinat.

L'interlocuteur, incarcéré à la prison de Luynes, a ensuite donné des indications à la police qui ont permis l’interpellation de l’auteur présumé du tir mortel sur le chauffeur VTC.

Le suspect, âgé de 14 ans, né à Nîmes (Gard) et domicilié à Avignon (Vaucluse), avait initialement pris la fuite après l'accident de voiture dans laquelle se trouvait la victime. Il a été interpellé peu de temps après les faits et a été placé en garde à vue dans les locaux de la brigade criminelle de la division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS).

Le détenu de Luynes a précisé qu’il avait balancé le mineur, recruté sur les réseaux sociaux pour un projet d’assassinat, parce qu’il n’avait pas bien fait son travail" confie une source proche de l’affaire à BFMTV.

"Il devait brûler la voiture de sa victime après le meurtre. Mais le doute subsiste sur le fait que le commanditaire n'ait pas su que son tueur à gages n’avait pas abattu la personne désignée par ses soins", poursuit-elle.

Le commanditaire a aussi indiqué que le meurtre projeté devait être une "réponse" à l’assassinat commis dans la nuit du 1er au 2 octobre, dans la cité Fonscolombes, également dans le 3e arrondissement de Marseille, où un homme avait été poignardé à mort. Son corps avait ensuite été brûlé par ses meurtriers.

Pour Frédéric Ploquin "le fait d'être en prison, ça n'arrête absolument pas". "Ça dit beaucoup de choses, sur le côté génération perdue, mise en scène de son propre crime", insiste le co-auteur de "Nacos français brisent l'omerta". "Ils ne perçoivent absolument pas le sens des gestes qu'ils appliquent et qu'ils commanditent", juge-t-il.

Le détenu de Luynes reste encore à identifier. Le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a prévu de communiquer sur cet "assassinat" au cours d’une conférence de presse, ce dimanche 6 octobre, à 10h30, au tribunal judiciaire.

Cindy Chevaux, David Unal, Alexandra Gonzalez avec Alicia Foricher