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"Ils n'ont plus le sens de la vie": à Marseille, l'inquiétude face à l'ultraviolence des jeunes "en rupture avec la société"

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À Marseille, plus de la moitié des personnes mises en examen pour assassinat ou tentative d'assassinat est âgée a moins de 21 ans. Un "ultra-rajeunissement" des personnes condamnées qui inquiète.

"Ils n'ont plus le sens de la vie. Pour eux, tuer, ils voient ça une fois, deux fois, et après ils croient que c'est normal." Jeune du quartier de la Cravache, à Marseille, Maxime regrette ses proches et connaissances qui ont sombré dans l'ultraviolence.

Après avoir purgé une peine de prison pour stupéfiants, le jeune homme décrit ce lundi 7 octobre sur BFMTV un quotidien dans lequel l'horreur s'est peu à peu normalisé. "Au début, c'était choquant quand je voyais des meurtres et après, c'est devenu une habitude."

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20:19

Dans la cité phocéenne, la tranche d'âge de 14 à 21 ans représente 60% des personnes mises en examen pour assassinat ou tentative d'assassinat. Un "ultra-rajeunissement" des auteurs, déploré par le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, qui a tenu une conférence de presse ce dimanche après l'homicide à Saint-Charles dans lequel le principal suspect est âgé de seulement 14 ans.

L'impuissance face aux réseaux sociaux

Pour Karim Ali, directeur général de l'association Apis qui lutte pour la réinsertion professionnelle et sociale, cette surreprésentation peut avoir, notamment, pour cause la facilité de recrutement. "Dans notre travail, l'ennemi public n°1, c'est ça", lance-t-il en sortant son téléphone portable. "Les réseaux sociaux, il y a plein de choses qui s'y passent sur lesquelles personne n'a la main."

Un constat partagé par Maxime, qui témoigne d'un engrenage fatalement simple. "Faire un contrat aujourd'hui sur un message, tu réponds à une personne, c'est fait. C'est très simple de faire ça, c'est ça qui est très choquant."

Ce phénomène est "une bombe à retardement", déplore Mohamed Benmeddour, éducateur et médiateur, qui décrit un terreau pernicieux pour un public ciblé. "Le jeune ne va pas bien, il ne va plus à l'école, il est en rupture avec la société, il n'adhère à rien. Il est prêt à aller n'importe où, à faire n'importe quoi", explique-t-il au micro de BFMTV.

Une impuissance qui inquiète aussi les autorités. "On a peur aujourd'hui que cette ultraviolence se généralise. Eddy Sid, porte-parole Unité SGP Police 13. "Il va falloir que nous ayons des moyens supplémentaires rapidement, Marseille doit être un laboratoire contre le narcotrafic en France."

Arthus Vaillant