BFM Marseille
Marseille

Bouches-du-Rhône: Sébastien Delogu (LFI) "ne souhaite plus être député si la réforme des retraites passe"

placeholder video
L'élu Nupes craint que le projet de réforme du gouvernement engendre un "recul social extrêmement important" et dénonce des conflits d'intérêt entre des parlementaires et des grands groupes.

Le mot est fort et dit tout du sentiment de la lassitude qu'éprouve Sébastien Delogu. Invité de Bonjour Marseille ce lundi matin, le député Nupes-LFI des Bouches-du-Rhône déclare éprouver une certaine forme de "dégoût" vis-à-vis de l'Assemblée nationale et de certains de ses collègues parlementaires.

Vivement opposé à la réforme des retraites, qu'il perçoit comme un "recul social extrêmement important", l'élu des quartiers nord de Marseille n'exclut pas de jeter l'éponge dans les semaines à venir.

"Si cette réforme des retraites passe, il est fort possible que je démissionne de mes fonctions, ou du moins que je ne remette plus les pieds à l'Assemblée", a-t-il prévenu sur notre plateau ce lundi matin.

Et d'ajouter: "En attendant, je me battrai. Et il n'y aura plus d'élection. On ne laissera pas refaire d'élection dans notre secteur. Ça, c'est sûr et certain. Le siège à l'Assemblée nationale restera vide".

Dissimulation

"On a le Conseil des retraites qui nous explique implicitement qu'il y a 3,7 milliards d'excédent (3,2 milliards, en réalité, ndlr) dans la réforme des retraites et qu'il n'y a pas besoin de faire cette réforme des retraites", insiste l'élu.

Sébastien Delogu estime qu'on se trouve aujourd'hui "dans un carrefour de quatre crises: la crise logistique, énergétique, industrielle et agricole". "Et dans ce carrefour-là, vous vous rendez compte que les personnes qui créent méthodiquement cette crise-là, ce sont des gens qui ont des actions et qui sont dissimulés en tant que représentants du peuple à l'Assemblée nationale", poursuit-il.

Une allusion à peine voilée à Yaël Braun-Pivet, "qui a 1,3 million d'euros chez Loréal, chez LVMH, des actions chez BNP, des actions chez Sanofi..." Mais "il n'y a pas qu'elle. Ils sont beaucoup à l'Assemblée nationale", nuance l'intéressé.

Taxer les superprofits? "Ça ne les arrange pas"

Le député des quartiers nord de Marseille brocarde des "conflits d'intérêt" de nature "inacceptable" du côté du parti présidentiel. "On leur dit tout simplement: 'Taxez les superprofits, les superdividendes'. Mais ça ne les arrange pas, parce qu'eux-mêmes sont actionnaires de ces sociétés, qui eux-même créent les crises dans lesquelles nous, le peuple, vivons."

Dans un tel contexte, Sébastien Delogu "n'ose pas regarder les gens en face et leur dire: 'À l'Assemblée nationale, on peut s'occuper de vous'", alors que "la précarisation de la population va augmenter" si la réforme des retraites est votée.

Mardi, dans le cadre de la mobilisation nationale contre le projet du gouvernement, l'élu gonflera les rangs des manifestants à Marseille. Il marchera aux côtés de Jean-Luc Mélenchon, d'Olivier Mateu, secrétaire général de la CGT dans les Bouches-du-Rhône, et des représentants des autres syndicats.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions