Affaire Hedi: l'avocat du jeune homme estime que le policier accusé "n'a pas dit la vérité pleine et entière"

Pour la première fois ce jeudi matin, le policier, accusé d'avoir gravement blessé Hedi en marge des émeutes à Marseille, a reconnu avoir procédé à un tir de LBD la nuit des faits.
La déclaration s'est faite lors de l'audience tenue dans la matinée devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Rapidement, le policier, placé en détention provisoire dans cette affaire, a tenu à faire une déclaration spontanée pour s'expliquer sur les faits. " J’ai pris la décision de faire usage du LBD à une reprise", a-t-il notamment déclaré.
"Une vérité qui l'arrangeait"
Une manière de procéder à l'audience qui a surpris mais pas convaincu l'avocat d'Hedi Me Jacques Preziosi qui s'est exprimé à la sortie du tribunal.
"Cette amnésie collective qui animait l'ensemble des personnes qui ont participé aux faits reprochés a été interrompue par une déclaration spontanée qui est quelque chose d'extraordinaire, on assiste jamais à ce genre de chose. Mais une déclaration spontanée étrange, car limitée et toujours protectrice", explique-t-il.
"Cet homme n'a pas dit la vérité pleine et entière, il a dit une vérité qui l'arrangeait. Il a avoué, on a enfin des aveux, qu'il était le tireur au LBD. C'est lui qui a tiré sur Hedi (...) Mais il limite quand même son intervention en la justifiant", estime l'avocat.
"Cet aveu est un aveu coupable à tous égards, il est coupable d'avoir tiré et d'avoir encore menti" poursuit-t-il encore.
De la "fatigue" et un "contexte particulier"
Lors de l'audience, le policier a assuré ne pas avoir visé la tête du jeune homme. Il a rappelé "le contexte particulier" de cette soirée et que "la fatigue était présente" alors qu'il revenait d'un arrêt de travail. Il a affirmé ne pas avoir eu l'intention de blesser grièvement quelqu'un ce soir-là.
Il a également raconté devant le juge avoir pris cette décision de tirer après avoir vu deux individus capuchés faire plusieurs mouvements sans en déterminer la nature.
"Il expliqué qu'il a tiré sur Hedi parce que celui-ci levait la main et qu'il l'a fait pour protéger ses collègues. C'est une ineptie", a attaqué Me Jacques Preziosi.
L'avocat général a requis le maintien en détention provisoire du policier, soupçonné avec trois collègues d'avoir gravement blessé Hedi, au moins jusqu'à un interrogatoire prévu le 30 août. Le délibéré doit être rendu à 16h.
L'avocat du policier de la brigade anticriminalité (BAC) de Marseille, Me Pierre Gassend, avait demandé la remise en liberté de son client, estimant qu'il n'y avait "aucun risque" qu'il fasse pression sur la victime et soulignant qu'il pourrait être hébergé loin de Marseille.