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"Tout s'est écroulé": trois frères rescapés de l'incendie mortel de Vaulx-en-Velin témoignent

Marche blanche à Vaulx-en-Velin, en hommage aux dix personnes mortes dans l'incendie d'un immeuble, le 22 décembre 2022

Marche blanche à Vaulx-en-Velin, en hommage aux dix personnes mortes dans l'incendie d'un immeuble, le 22 décembre 2022 - Olivier CHASSIGNOLE © 2019 AFP

Dix personnes, dont quatre enfants, sont mortes dans un incendie dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier, à Vaulx-en-Velin. Trois frères, seuls survivants d'une famille, témoignent.

"Tout s'est écroulé la nuit de l'incendie." Ces mots sont ceux d'Abdilfatah, un rescapé de l'incendie qui a ravagé un immeuble de Vaulx-en-Velin dans la nuit du 15 au 16 décembre. Auprès du Parisien, le jeune homme de 20 ans témoigne pour la première fois après cette nuit d'horreur.

Avec ses frères Hussein et Jama, Abdilfatah a survécu à l'incendie mortel qui a tué dix personnes en décembre dernier, dans le quartier du Mas-du-Taureau, dont leur mère, leurs deux soeurs et deux frères. La famille y était installée depuis quatre ans, ils venaient de fuir la guerre en Somalie.

De lourdes conséquences

Depuis l'incendie survenu dans la nuit du 15 au 16 décembre dernier, Abdilfatah et Hussein sont toujours alités dans un centre de rééducation à Lyon. Les deux garçons, avec leur frère, ont dû sauter du quatrième étage. Leur mère les a suivi mais n'a pas survécu à la chute. Leurs frères et soeurs, coincés dans leur chambre, sont morts asphyxiés.

Une soirée dont ils ne parlent "presque jamais", relate Le Parisien. Selon le quotidien national, Abdilfatah n'arrive plus à dormir sans calmants, les douloureux souvenirs de la soirée revenant la nuit.

Ses journées, il les passe à faire ses séances de kiné, son bassin s'étant brisé dans la chute, et à rester avec son grand frère avec qui il partage sa chambre d'hôpital.

"Tout s’est écroulé la nuit de l’incendie… J’ai l’impression que plus rien ne sera possible", souffle-t-il au Parisien.

Les séquelles sont aussi lourdes pour Hussein. Le jeune homme de 23 ans porte une minerve, des béquilles et un corset. "Je ne sens plus rien. Je ne peux plus aller aux toilettes seul", explique-t-il à nos confrères. Une infirmière doit venir, toutes les cinq heures, pour vider la poche qui récupère ses selles.

Le jeune homme est sorti une seule fois de l'hôpital, pour assister à l'enterrement de sa famille. Son brancard a été porté par ses amis dans le cimetière. "J'y tenais, c'était mon espoir", témoigne-t-il.

Aucune proposition de relogement

Le plus jeune rescapé de la fratie, Jama, âgé de 17 ans, a pû sortir de l'hôpital il y a quelques semaines. L'adolescent, qui a développé un diabète a cause du stress, vient voir ses frères tous les jours. Il emprunte deux bus et deux métros pour qu'ils puissent passer l'après-midi ensemble.

"C'est ma seule raison de vivre, les voir", raconte Jama au Parisien.

Jama vit actuellement dans une famille d'accueil de Villeurbanne mais la question du relogement avec ses frères se pose. Ils sont aidés par Omar, un ami de leur mère, qui s'inquiète car aucun appartement ne leur a été trouvé, alors que la fratrie n'envisage rien d'autre que d'être ensemble. Les frères ne veulent cependant pas remettre les pieds, à Vaulx-en-Velin: "Trop de souvenirs."

En plus d'un logement adapté à un handicap, les jeunes hommes, encore traumatisés, souhaiteraient vivre en rez-de-chaussée ou au premier étage. "J'ai trop peur d'aller plus haut. Je n'arriverais jamais à fermer l'oeil", confie Abdilfatah.

Depuis l'incendie, 38 familles ont perdu leur logement et une vingtaine sont encore en attente d'une solution pérenne.

Juliette Vignaud