Perfluorés: le député Cyrille Isaac-Sibille plaide pour une "accélération" du processus de l'UE pour limiter les rejets

Cyrille Isaac-Sibille, député MoDEM du Rhône, - ALAIN JOCARD / AFP
De l'avis de Cyrille Isaac-Sibille, la France doit se garder de toute décision hâtive. S'il se présente en apôtre de la lutte contre les perfluorés (également connus sous le nom de PFAS ou de "polluants éternels"), le député MoDem du Rhône estime que celle-ci ne pourra être efficace que si elle est menée collectivement.
"Il y a des gens qui vous disent: 'Il faut que la France joue toute seule', alors qu'on a peu de connaissances. Moi, j'ai dit: 'Non, on est plus forts au niveau européen', d'autant plus qu'il y a certains pays qui ont déjà commencé à agir", plaide l'élu au micro de BFM Lyon.
Cette position, le parlementaire l'a défendue en commission le 1er juin. Le premier article, portant sur l'interdiction des PFAS dans tous les emballages alimentaires, a été voté. Le second également. Il prévoit donc l'alignement des réglementations françaises sur celles de l'Union européenne (UE).
Cinq pays portent la lutte
En début d'année, la France a matérialisé son implication dans la lutte contre les perfluorés par la publication d'un plan d'action ministériel visant à "renforcer la protection des populations et de l’environnement contre les risques liés à ces composés".
Elle a également témoigné de son soutien au projet porté par l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège, dont l'objectif est d'obtenir l'interdiction d'usage de certaines familles de perfluorés, dans le cadre d'une directive REACH. Parmi les 4000 variétés de PFAS, seule une poignée fait aujourd'hui l'objet de restrictions.
Cyrille Isaac-Sibille plaide pour une "accélération de ce processus" d'encadrement. "Ce qui a été voté, ce n'est pas de reporter à 2026", assène-t-il en réponse aux critiques émises par certains membres de l'opposition sur les bancs de l'Assemblée nationale.
"Ça peut être fait en 2023", soutient l'élu de la 12e circonscription du Rhône, territoire incorporant la commune de Pierre-Bénite, où des taux anormalement élevés de perfluorés ont été décelés.
"Ce sujet, on le connaît très mal"
Niant toute accointance avec les industriels de la Vallée de la chimie, le parlementaire juge nécessaire de prendre le temps de se familiariser avec les perfluorés et de mieux cerner leurs effets pour les réglementer, même si la toxicité de certaines particules est déjà démontrée.
Il convient, selon lui, de discerner les "pollutions historiques", qui pourraient être la conséquence du rejet de produits aujourd'hui prohibés, des pollutions plus récentes.
Et de suivre l'exemple "de pays comme l'Italie et la Hollande", lesquels "ont anticipé ça depuis beaucoup plus d'années que nous".
Inquiétude
Les études et les procédures demandent du temps, et les délais tendent à susciter l'inquiétude des Rhodaniens installés en aval de la Vallée de la chimie. Ils en ont encore fait part lors d'une réunion publique organisée au début du mois à Ternay, malgré les discours se voulant rassurants de la préfecture.
Si certains habitants envisagent des actions en justice contre les industriels de la Vallée de la chimie, d'autres ont déjà franchi le pas. 37 associations et dix citoyens ont déposé un référé pénal environnemental à l'encontre d'Arkema. L'entreprise Daikin est aussi ciblée.
Le maire de Pierre-Bénite, lui, a porté plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui.