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Perfluorés: la préfecture appelle à ne pas consommer les œufs produits à l'ouest et au sud de Lyon

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Les résultats d'une étude, révélés ce lundi, confirment des taux anormalement élevés de "polluants éternels" dans quatre communes. Dans ce contexte, les services de l'État ont décidé de procéder à de nouveaux prélèvements et d'étendre leur zone de recherche et de vigilance.

Les résultats de chaque nouvelle étude confirment ce qui n'est plus simplement une éventualité: plusieurs communes du sud de Lyon affichent des taux anormalement élevés de "polluants éternels".

Comme le laissaient présager les premières conclusions d'analyses transmises au mois de janvier par la préfecture du Rhône, des perfluorés (PFAS) de trois natures (PFOS, PFOA, PFNA) sont bel et bien présents en grande quantité dans les œufs des poules produits à Pierre-Bénite et Oullins, mais aussi à Saint-Genis-Laval et à Irigny. Seule exception: les PFHxS, dont les taux restent standards.

Dans ces quatre communes, "les résultats démontrent que 26 prélèvements sur les 30 réalisés révèlent des valeurs qui dépassent celles du Règlement UE 2022/2388 du 7 décembre 2022", affirment les services de l'État ce lundi.

"En picorant, les poules se contaminent"

À Pierre-Bénite et à Oullins, les analyses mettent systématiquement au jour des taux non-conformes au règlement (8/8 et 9/9), pas toujours à Saint-Genis-Laval (2/4) et à Irigny (7/9). Ces données ont été présentées au maire de chaque commune mercredi.

"Les œufs sont des marqueurs particulièrement sensibles vis-à-vis de la présence de perfluorés", rembobine la préfecture. En janvier dernier, cette dernière indiquait que "la présence de ces PFAS dans les œufs s’expliquerait par la contamination des sols: en picorant, les poules se contaminent, et contaminent ensuite leurs œufs".

Ces substances, dont la présence dans l'eau du Rhône a déjà été attestée, sont utilisées dans le monde de l'industrie, notamment pour leurs propriétés antiadhésives et imperméables. Elles se muent en "polluants éternels" lorsqu'elles sont rejetées dans la nature.

Les équipes de l'émission "Vert de rage", sur France Télévisions, ont alerté sur leur existence en grande quantité dans le secteur de la Vallée de la chimie -où sont implantées les entreprises Daikin et Arkema- il y a presque un an, avant que les services de l'État prennent le relai.

"Principe de précaution"

Compte tenu des résultats des analyses menées sur les œufs, la préfecture a choisi de réitérer ses recommandations "au nom du principe de précaution". Cela même si les effets délétères des perfluorés sur la santé ne sont pas à ce jour tout à fait confirmés scientifiquement.

La préfecture invite ainsi toujours à "ne pas consommer les œufs et la viande des volailles des poulaillers appartenant à des particuliers" sur les territoires des villes de Pierre-Bénite, Oullins, Saint-Genis-Laval et Irigny.

Et étend désormais cette recommandation aux arrondissements et communes suivants: Lyon 7e et 8e, Solaize, Sainte Foy-Lès-Lyon, Feyzin, Vourles, La Mulatière, Chaponost, Francheville, Saint-Fons, Brignais, Charly et Vernaison. Des prélèvements y seront prochainement conduits.

"Un plan d'action global sera présenté aux élus et aux représentants de la profession agricole", assure la préfecture.

Les autorités promettent également de mener des études complémentaires dans les quatre villes où la présence de perfluorés est vérifiée. Elles entendent enfin questionner les propriétaires de volailles "pour analyser le mode d’élevage et d’alimentation de leurs poules pondeuses".

"En l’état de la réglementation applicable et des investigations menées, les services de l’État n’émettent pas de recommandation sanitaire ou de restrictions d’usage concernant les sols et les végétaux", est-il néanmoins précisé.

Une interdiction avant 2025?

Alors que les services de l'État étaient pointés du doigt ces derniers mois pour l'absence de démarches à suivre lorsqu'une pollution de ce type est avérée, le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires a publié le 17 janvier un plan d’action ministériel sur les PFAS. Avec l'objectif "de renforcer la protection des populations et de l’environnement contre les risques liés à ces composés".

Dans le même temps, l’Agence européenne des produits chimiques s'affaire pour interdire les perfluorés. "Cinq pays européens (Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Suède et Norvège), avec le soutien de la France, ont déposé un projet en ce sens", rappelle le ministère.

Le recours à près de 10.000 composés chimiques pourrait être prohibé d'ici à 2025 si cette proposition aboutit.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions