Mort de Gérard Collomb: de premier soutien d'Emmanuel Macron au divorce avec le chef de l'Etat

L'idylle politique avait fini par une rupture brutale. La carrière de Gérard Collomb, mort ce samedi 25 novembre, a été marquée par sa relation avec Emmanuel Macron, dont il fut le premier soutien avant de s'en éloigner irrémédiablement.
Une relation "filiale"
Dès 2015, celui qui est maire de Lyon est le premier ténor du PS à rejoindre Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie. Présent à chacun des meetings du candidat à la présidence de la République, il est au premier rang lors de l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron.
Selon ses propres mots, la relation entre les deux hommes est "quasiment fusionnelle, filiale". Lors de l'investiture du tout nouveau chef de l'Etat, le 14 mai 2017, il ne parvient pas à contenir ses larmes. Il sera nommé ministre de l'Intérieur dans la foulée.
Première secousse
Les premiers signes de dissension ne tardent pas à arriver. D'abord sur la limitation de vitesse à 80km/h sur les routes. La mesure déplaît fortement à Gérard Collomb, qui fait tout ce qu'il peut pour qu'elle soit retirée. Sans succès.
Des divergences apparaissent également sur l'accueil des migrants en France, critiques qu'il avait affiché ouvertement après son départ du gouvernement. Encore en 2022, lors de l'accueil de l'Ocean Viking à Toulon, Gérard Collomb avant dénoncé "l'ouverture d'une brèche créant un précédent".
Et d'enfoncer le clou: "J'avertis encore sur le fait que le président risque de s'enferrer dans quelque chose de compliqué (...) La ligne aujourd'hui n'est pas la mienne".
Mais l'affaire Benalla, à l'été 2018, est sans aucun doute le point de rupture entre lui et Emmanuel Macron. Entendu par la commission d'enquête parlementaire en tant que ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb était sorti fragilisé de cette séquence. Surtout que, dans l'opposition, de nombreuses voix s'élevaient pour dénoncer sa réaction jugée tardive.
Dans les semaines qui ont suivi, l'ancien maire de Lyon a multiplié les sorties à l'encontre du chef de l'Etat. Invité de BFMTV-RMC, en octobre 2018, met en cause "le manque d'humilité" du gouvernement et des macronistes.
Un divorce et un retour à Lyon
Quelques jours plus tôt, le ministre affirmait en petit comité: "Nous ne sommes pas nombreux à pouvoir encore lui parler".
"Les Provinciaux, et j'en suis, ont déjà une tendance naturelle à considérer que les Parisiens ont la grosse tête et les snobent, or des expressions comme la nouvelle grammaire de la politique ou la 'start-up nation', ils ne s'y reconnaissent pas", avait tancé le poids lourd de la politique lyonnaise, visant deux expressions symboliques du "nouveau monde" politique porté par Emmanuel Macron et ses soutiens.
"D'ailleurs, il va finir par ne plus me supporter. Mais si tout le monde se prosterne devant lui, il finira par s'isoler, car par nature l'Élysée isole", avait-il ajouté.
Le divorce avait été définitivement acté par la démission de Gérard Collomb, reparti à Lyon pour tenter de reconquérir -sans succès- le siège de la présidence de la métropole lors des élections en 2020.