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Interdiction des terrasses chauffées à Lyon: un restaurateur dénonce "une inégalité de traitement"

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La mairie a changé son règlement municipal pour interdire le chauffage en terrasse, plusieurs mois avant l'entrée en vigueur de la mesure au niveau national. Certains restaurateurs s'estiment lésés.

Lyon prend de l'avance. Alors que le chauffage en terrasse sera interdit dès avril 2022 au niveau national, la ville de Lyon a décidé de prendre de l'avance en appliquant un arrêté municipal en ce sens, publié le 28 juillet dernier. Le maire écologiste de Lyon, Grérory Doucet a tenu une conférence de presse pour défendre cette mesure environnementale, ce mercredi matin.

"Cette décision se situe donc dans la lignée logique d’une prise de conscience globale de l’impact des dispositifs de chauffage et d’une attente politique forte en termes de transition écologique, dont la sobriété énergétique est l’un des piliers", écrit la ville dans un communiqué.

La mesure faisait partie des promesses de campagne de Grégory Doucet. Pour justifier sa mesure, la ville de Lyon s'appuie notamment sur une étude publiée par l’association NegaWatt: "la consommation énergétique d’une terrasse équipée de cinq braseros allumés 14 heures par jour de mi-novembre à mi-mars dépensent 50.400 kWh par hiver, ce qui correspond à 13,7 tonnes de gaz carbonique émis dans l'atmosphère, soit l’équivalent en termes d’émissions que 120.000 km parcourus par une berline neuve."

De leur côté, certains restaurateurs s'indignent d'une mesure discriminatoire: "Aujourd'hui en plein Covid, enlever les chauffages en terrasse, c'est faire rentrer tout le monde à l'intérieur, donc si tout le monde rentre, je pense qu'il y a mise en danger de la vie d'autrui", avance au micro de BFM Lyon, Christophe Cédat, directeur du café 203 dans le 1er arrondissement.

Ce dernier a décidé de passer outre l'arrêté de la mairie et de maintenir son chauffage en terrasse. Il dénonce une mesure dogmatique, sachant que ces mêmes chauffages restent autorisés dans d'autres lieux.

"On considère que ces chauffages sont des chauffages à rayonnement. Le rayonnement, c'est les chauffages qu'on trouve dans toutes les grandes surfaces, dans les ateliers, dans les entrepôts, donc il y a une inégalité de traitement", dénonce le restaurateur.

Il assure être prêt à recevoir des amendes et se dit prêt à aller au tribunal pour attaquer l'État en justice.

Au Café Hôtel-Dieu (2e arr), la mesure est déjà appliquée par le patron, Lionel Badier, mais ce dernier constate une baisse de la fréquentation: "On a une fréquentation qui est moindre que l'habitude, donc je pense que le chauffage y fait, estime-t-il. Commercialement, ce n'est pas une super nouvelle parce qu'à partir du moment où on avait droit au chauffage extérieur, c'est un confort qu'on donne aux clients".

Parmi les habitants de Lyon, cette décision est accueillie différemment. Certains estiment qu'elle va de soi, réchauffement climatique oblige: "Je pense que c'est une mesure nécessaire parce que c'est quelque chose qui consomme énormémment", explique au micro de BFM Lyon, Alice, étudiante.

D'autres regrettent la possibilité de rester en terrasse, au chaud, en hiver: "Le temps ici est assez froid et on aura peut être moins envie d'aller en terrasse", dit Léna. "Je trouve ça un petit peu dommage parce que j'aime bien profiter de l'extérieur même en hiver", déclare Alice.

En juillet 2020, la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili avait déclaré que la mesure plébiscitée par la Convention citoyenne pour le climat serait reprise par le gouvernement: "On ne peut pas chauffer à plein régime une terrasse en plein hiver pour le simple plaisir de boire son café en ayant chaud", avait-t-elle dit, évoquant "une aberration écologique". Plusieurs villes comme Rennes ou Thonon-les-Bains appliquent déjà cette mesure.

Victoria Solano, Arthur Blet avec Louis Chahuneau