Un sénateur italien compare une ministre noire à un "orang-outan"

Cecile Kyenge est la première ministre noire de l'histoire d'Italie. Investie en mars dernier, elle est la cible de propos racistes et d'attaques virulentes de la Ligue du Nord. - -
"J'aime beaucoup les animaux - les ours et les loups, comme chacun sait - mais quand je vois des photos de Kyenge, je ne peux m'empêcher de penser qu'elle a les traits d'un orang-outang", a déclaré le vice-président du Sénat italien, Roberto Calderoli, samedi dernier, lors d’un rassemblement politique à Treviglio (nord de l’Italie). C’est en ces termes que le responsable politique, membre du parti anti-immigration de la Ligue du Nord, s’est attaqué à Cecile Kyenge, la ministre de l’Intégration originaire de République démocratique du Congo.
Des propos racistes qui venaient couronner un discours non moins agressif. Pour Roberto Calderoli, Cecile Kyenge, dont l’ascension politique inciterait les "immigrants" à venir en Italie, ferait bien d’être ministre "dans son pays".
Appels à la démission
Les envolées xénophobes du sénateur italien ne sont pas passées inaperçues. Dès dimanche, différents hommes politiques, dont certains membres de son propre parti, appelaient à sa démission. Le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, a condamné des paroles "inacceptables" dépassant "toutes les bornes".
Pas de quoi ébranler Roberto Calderoli, qui n’a pas l’intention de démissionner et se montre peu enclin à présenter des excuses. "Je n'avais pas l'intention de blesser et si la ministre Kyenge l'a été, j'en suis désolé, mais mes propos ont été tenus dans le cadre d'un discours politique beaucoup plus large, qui critiquait la ministre et ses choix", a-t-il assuré, d'après l'agence de presse italienne Ansa.
Un habitué des dérapages racistes
A l’image de son parti, la Ligue du Nord, Roberto Calderoli est familier des propos racistes. En 2006, après avoir exhibé un tee-shirt ridiculisant le prophète Mahomet, il avait dû démissionner de son poste de ministre de la Réforme. Quelques mois plus tard, lors de la Coupe du monde de football, il se félicitait que l’Italie ait gagné grâce à des "Italiens de souche", fustigeant les "nègres", "musulmans" et "communistes" qui composaient l’équipe de France.
En juin dernier, Cecile Kyenge, la première ministre noire de l’histoire italienne, avait déjà essuyé plusieurs attaques d’élus appartenant à la Ligue du Nord. Tandis que Mario Borghezio l’accusait de vouloir imposer des "pratiques tribales", Dolores Valandro appelait au viol de la ministre de l’Intégration.