Les quatre gros chantiers qui attendent le pape

Durant son premier jour de pontificat, le 14 mars, le pape François s'est rendu à la basilique Santa Maria Maggiore à Rome. - -
Le pape François se retrouve à la tête d'une Église confrontée à de grandes difficultés: scandales de pédophilie et de corruption qui remontent sans cesse du passé, mauvaise gouvernance et intrigues à la Curie, ainsi que des rapports tendus avec l'islam rigoriste. Passage en revue des quatre plus gros chantiers qui l'attendent.
> Réformer la Curie romaine
Minée par les conflits et les affaires comme celle du Vatileaks, la Curie, le gouvernement du Vatican, doit faire l’objet de réformes.
Pour le théologien, Hans Küng, créateur de la Fondation éthique planétaire, le nouveau pape devra s'atteler très rapidement à un remaniement radical des principaux dirigeants de la Curie romaine.
Selon lui, le pape François devra commencer par la nomination du secrétaire d'Etat, le numéro deux du Vatican, "qui ne soit pas un représentant du système romain (...) mais une personne prête pour les réformes".
Ainsi, le souverain pontife pourrait être assisté d'un nouvel organisme collégial. Il ne sera pas un manager ou un gouverneur, ce rôle devant échoir au secrétaire d’État, qui devra être puissant mais bien choisi, au contraire de celui, très contesté sous Benoît XVI, l'Italien Tarcicio Bertone.
> Lutter contre la pédophilie
Autre gros dossier, le scandale des prêtres pédophiles. Même si la tolérance zéro et la recommandation à tous les évêques de collaborer avec les justices civiles ont été réclamées, un quart des conférences épiscopales n'ont pas encore élaboré de dispositifs de lutte.
En Afrique ou en Asie, la prise de conscience n'est pas la même en raison de tabous culturels. Dans certains pays, les justices civiles sont déficientes. Les sévices sexuels continuent d'être dénoncés par les associations en Occident, portant surtout sur la période 1965-85. Ces associations surveilleront sans relâche le nouveau pape, pour vérifier qu'il ne montre aucune indulgence à l'égard des prêtres coupables ou des évêques et cardinaux soupçonnés de les avoir protégés.
> Améliorer les relations avec l'islam
En jeu aussi le dialogue avec l'islam. Celui-ci, souvent difficile, est pourtant encouragé par Rome. Jeudi, le Conseil français du culte musulman et la Grande Mosquée de Paris ont félicité le nouveau pape François, l'appelant à consolider le dialogue interreligieux parfois mis à mal par son prédécesseur Benoît XVI. Pour rappel, le discours de ce dernier prononcé à Ratisbonne, le 12 septembre 2006, avait suscité de très vives réactions dans les pays islamiques, et conduit à la suspension des rapports entre le Vatican et le cheikh d’Al-Azhar.
D'autre part, de récents rapports ont mis en lumière que les chrétiens sont la catégorie de croyants la plus persécutée dans le monde. Des gouvernements limitent leurs droits dans les domaines de l'éducation ou de la vie publique, mais ce sont surtout les menaces islamistes qui inquiètent le Vatican.
> Assainir les finances du Saint-Siège
Même si le Vatican sous Benoît XVI a fait des progrès en matière de transparence et de lutte contre le blanchiment, il reste encore à faire. La banque du Vatican, l'Institut pour les Oeuvres de Religion, a été au cœur de plusieurs scandales dans le passé.
En 2011, selon les derniers chiffres publiés, le budget du Saint-Siège a clos l'année sur un déficit de 14,9 millions d'euros en raison de la crise financière, après l'année 2010 où il avait dégagé un solde positif de 10 millions d'euros, elle-même précédée de trois années dans le rouge.
A LIRE AUSSI:
>> Un pape jésuite, une première au Vatican
>> Appelez-le juste "pape François"
>> Les autorités islamiques espèrent de meilleures relations avec le Vatican