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Italie: Berlusconi lâché par Alfano et les "rénovateurs"

Silvio Berlusconi s'exprimait en mars 2013 sous le regard d'Angelino Alfano.

Silvio Berlusconi s'exprimait en mars 2013 sous le regard d'Angelino Alfano. - -

La rupture entre Silvio Berlusconi et son ancien dauphin Angelino Alfano, a été entérinée samedi, alors que le Cavaliere avait tenté in extremis d'éviter une scission entre "loyalistes" et "rénovateurs" pour relancer sa formation Forza Italia.

"Tu quoque fili" (toi aussi, mon fils): à la manière de César reconnaissant Brutus, qu'il considérait comme un fils, parmi ses assassins, le Cavaliere a adopté un ton mélodramatique samedi lors d'un conseil national du Peuple de la Liberté (PDL) organisé pour célébrer la renaissance de Forza Italia, le parti avec lequel il avait gagné ses premières élections en 1994.

Même s'il n'a pas cité son nom, l'ex-chef de gouvernement a fait part de sa "douleur" après la décision d'Angelino Alfano et des "rénovateurs" de ne pas participer à ce qui devait être une fête, et a avoué "n'en avoir pas dormi de la nuit". Silvio Berlusconi a même fait un petit malaise à la tribune avant de se reprendre.

Alfaro: le poulain de Berlusconi

Alfano, un avocat sicilien de 43 ans qui a fait toute sa carrière à l'ombre du Cavaliere a acté vendredi soir son "divorce" d'avec son mentor, entraînant dans son sillage plus de 50 parlementaires (sur environ 200) qui formeront des groupes autonomes sous l'étiquette "Nouveau centre droit". Alfano, vice-Premier ministre dans le gouvernement gauche-droite d'Enrico Letta, a justifié son choix de "ne pas adhérer à Forza Italia" par le fait que "les forces les plus extrêmes ont prévalu au sein du PDL".

Le parti de Berlusconi était en proie à de graves divisions depuis le 3 octobre quand, de façon inédite, une bonne portion du mouvement emmenée par Alfano et quatre autres ministres avait refusé de suivre les consignes de vote du Cavaliere pour faire chuter le gouvernement au parlement. Berlusconi avait été alors contraint à une humiliante volte-face, appelant à voter la confiance quelques minutes avant le début du scrutin.

Colombes vs faucons

Les divisions entre le camp des "colombes" favorables à la poursuite de l'action gouvernementale, et des "faucons" réclamant un retour aux urnes, n'avaient fait que s'aggraver depuis. Berlusconi a tenté jusqu'au dernier moment de convaincre les "colombes" que le centre droit devait retirer son soutien au gouvernement dans la perspective d'un vote sur son exclusion du Sénat dans dix jours.

"Il est très difficile d'être allié au Parlement et de s'asseoir à la même table lors du conseil des ministres avec des personnes qui dans le même temps essaient de tuer politiquement le dirigeant d'un parti", a-t-il expliqué samedi, dans une allusion au principal parti de gauche, Parti démocrate.

"Le premier acte de l'après-Berlusconi"

Refusant d'ostraciser Angelino Alfano, Silvio Berlusconi, 77 ans, a estimé que le "nouveau centre droit" allait "nécessairement appartenir" à la coalition dont Forza Italia sera, à ses yeux, le nouveau moteur après sa "résurrection". Il a demandé "de ne pas critiquer" le Nouveau Centre droit alors que certains militants hurlaient des slogans contre les rebelles.

Pour le quotidien La Stampa, cette scission est "le premier acte de l'après-Berlusconi" avec une conséquence immédiate: "le gouvernement est sauvé, avec une nouvelle majorité, plus restreinte mais également plus soudée".

"Encore une fois les ennuis judiciaires de l'ex-Premier ministre ont eu raison de toute autre considération", a estimé l'éditorialiste du Corriere della Sera, Luciano Fontana. Condamné à un an de prison pour fraude fiscale à l'issue du procès Médiaset, Berlusconi devra affronter le 27 novembre un vote au Sénat sur sa destitution en vertu d'une loi adoptée en 2012.

M. P. avec AFP