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Italie

Devenue la risée du web à cause d'une sextape, une Italienne se suicide

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) - Justin Sullivan - AFP

Elle ne supportait plus d'être moquée dans la rue et humiliée sur les réseaux sociaux. Une Italienne de 31 ans, dont la sextape s'était retrouvée sur Internet et avait été détournée en mèmes, s'est suicidée.

Elle s'est pendue mardi dans le sous-sol de la maison de sa mère, à Naples. Tiziana Cantone avait 31 ans et vivait un enfer depuis un an. Depuis que cette Italienne a envoyé à des proches, dont son ancien petit-ami afin de le rendre jaloux, une vidéo de ses ébats avec son nouveau compagnon.

Rapidement, la sextape se retrouve sur Internet et envahit les réseaux sociaux, vue plus d'un million de fois. La réplique qu'elle prononce dans la vidéo, "Tu es en train filmer? Bravo", devient virale. A tel point que ces quelques mots sont déclinés sur des tee-shirts, des coques de téléphones ou d'autres produits dérivés. Un phénomène comparable à "Allô! Non, mais allô quoi!" de la starlette de téléréalité Nabilla qui a déferlé en France en 2013.

"Son visage était visible et son nom était cité"

"Cette vidéo est devenue l'objet de blagues et de parodies: sur Facebook, des pages ont été ouvertes pour en discuter, et on trouvait des mèmes et d'autres vidéos qui se moquaient de Cantone. Dans la vidéo, en effet, son visage était clairement visible, et son nom était souvent cité explicitement dans le titre", indique Il Post, remarque Courrier international.

Tiziana Cantone quitte son emploi, se réfugie en Toscane et entame des démarches pour changer de nom. La jeune femme ne peut plus sortir dans la rue sans être reconnue, moquée et humiliée. Les médias italiens s'emparent également du phénomène, diffusant sa photo et relayant largement sa mésaventure, parfois avec une certaine légèreté. Comme Il Fatto Quotidiano, qui se demande à l'époque si la vidéo est le fruit "de la vengeance d'un amant ou une opération de marketing destinée à lancer une nouvelle star du porno". 

"Le web, avec sa férocité, l'a massacrée"

La jeune femme décide de porter l'affaire devant les tribunaux afin de faire valoir son droit à l'oubli. Et gagne cette longue bataille début août en obtenant que les moteurs de recherche suppriment la vidéo. Mais les images ne disparaissent pas totalement de la toile. Malgré cette victoire, elle est condamnée à payer 20.000 euros au titre de frais de procédure, justifiés du fait qu'elle était consentante lorsque la vidéo a été tournée.

La presse transalpine fait à présent son mea culpa. Les articles qui relayaient cette affaire ont été supprimés. Le directeur du Fatto Quotidiano a présenté ses excuses pour les "graves négligences" dont son quotidien a fait preuve. "Il est juste, et douloureux, de dire que nous avons joué un rôle, si petit soit-il, dans ce crime commis par le web."

"Mais il est trop tard, commente le quotidien Corriere della Sera. À seulement 31 ans, Tiziana Cantone n'est pas parvenue à dépasser la honte et la douleur. Depuis la mise en ligne de ces vidéos, sa vie a été bouleversée. Le web, avec sa férocité, l'a massacrée."

C.H.A.