En Serbie, le désespoir des réfugiés pris au piège à la frontière hongroise

La décision de Budapest a pris de court des milliers de réfugiés. Lundi soir, les migrants arrivés d'Irak et de Syrie jusqu'à la frontière serbo-hongroise n'ont pu retenir leurs larmes et cacher leur désespoir, en constatant la fermeture du principal point d'entrée vers la Hongrie, mesure décidée lundi par Budapest, et mise a exécution dans l'après-midi par la police hongroise. La mesure intervient au lendemain de la décision de l'Allemagne de rétablir le contrôle à ses frontières.
Ainsi, à Röszke, devenu le point de transit de la quasi-totalité des migrants pénétrant en Hongrie, une quinzaine de policiers hongrois ont empêché leur passage pendant que d'autres agents installaient des barbelés. Au même moment, à Bruxelles, les 28 Etats membres de l'UE réunis en urgence, échouaient à trouver un accord unanime sur la répartition contraignante de 120.000 réfugiés, réclamée la semaine dernière par la Commission européenne pour faire face à la pire crise migratoire en Europe depuis 1945.
Désespoir des familles de réfugiés
"On avait entendu que les Hongrois voulaient fermer leur frontière mais on nous disait que ça allait se passer mardi", s'est étonné Hassan, un Syrien d'une trentaine d'années. Autour de lui, des dizaines de migrants en pleurs, comme cette femme au foulard noir noué sous le menton, son bébé dans les bras, et que son mari tentait de consoler.
Mais face au désespoir de ces familles ayant fui des zones de conflit et qui se retrouvent prises au piège au beau milieu de leur long périple vers l'Allemagne, les policiers hongrois restent impassibles. Casques et matraques attachés à la ceinture, vêtus d'uniformes bleus, ils sont chargés de s'assurer que personne ne passera plus. Lundi, certains tendaient des fils de fer en travers de la voie. Ils ont été rapidement rejoints par plusieurs dizaines de collègues, certains à cheval, ainsi que par des militaires en treillis, tandis que des hélicoptères survolaient la zone.
Dès lundi soir, la frontière est devenue bien étanche, et la voie ferrée a été bloquée à l'aide d'un wagon auquel a été attaché un large cadre métallique couvert de barbelés.
Passage au compte-gouttes
Depuis la mise en place par Budapest d'une clôture de barbelés sur les 175 km de la frontière serbo-hongroise, le passage par la voie ferrée de Röszke, large d'une quarantaine de mètres, était devenu le seul point de transit de la quasi-totalité des migrants pénétrant en Hongrie. Des réfugiés, dont des femmes et des enfants dans des poussettes, voire des vieillards en chaise roulante, continuaient à arriver par dizaines à la frontière lundi.
Deux interprètes arabophones travaillant pour les autorités hongroises leur ont conseillé d'emprunter un sentier de terre qui longe la clôture érigée côté hongrois, pour arriver à un poste-frontière officiel, situé à 2 km à l'ouest, où un couloir, large d'à peine un mètre et long d'une cinquantaine de mètres, a été improvisé, entre des blocs de pierre et une clôture métallique. Ici s'entassent les migrants qui sont autorisés à entrer au compte-gouttes en Hongrie.
Entassés côté serbe
Selon une employée du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), une fois en territoire hongrois, les réfugiés sont transportés par autobus à la gare de Röszke. "Un train avec beaucoup de wagons attend de partir. Il y a aussi treize autobus qui attendent et d'autres qui continuent d'arriver", a-t-elle indiqué, estimant, sans en avoir la confirmation, que la destination finale était la frontière avec l'Autriche.
A la tombée du jour, environ un millier de réfugiés avaient franchi le passage officiel. Des centaines d'autres s'entassaient du côté serbe de la frontière et d'autres continuaient à affluer. Deux policiers serbes observaient de loin la situation sans intervenir, les autorités de Belgrade ayant décidé de faire profil bas depuis le début de la crise migratoire.