Drame de l'exil: toutes les dix minutes, un enfant naît apatride

Deux enfants traversent en train la frontière entre la Croatie et la Slovénie, le 27 octobre 2015. - Jure Makovec - AFP
Toutes les 10 minutes dans le monde, un enfant naît sans nationalité. Une situation dont l'ONU s'alarme dans un rapport publié mardi. "Le problème va croissant" selon le rapporteur du projet, Antonio Guterres.
"Dans le temps limité où les enfants apprennent à être des enfants, l'apatridie peut graver dans la pierre des problèmes qui les hantent tout au long de leur enfance et, ainsi, les condamner à une vie de discrimination, de frustration et de désespoir", a déclaré Antonio Guterres, dans le rapport qu'il doit rendre mercredi.
70.000 naissances par an
En moyenne, ce sont ainsi 70.000 enfants qui naissent chaque année en dehors de toute protection. Des enfants que la convention de New York de 1954 définit comme "ceux qu’aucun Etat ne considère comme ses ressortissants par application de sa législation".
Les conflits sont la première cause d'apatridie dans le monde. Dans ces situations, l'absence d'enregistrement de la naissance accentue le risque d'apatridie pour les réfugiés et les migrants. C'est le cas avec le conflit en Syrie, la plus importante crise humanitaire dans le monde selon les Nations unies, qui a forcé plus de quatre millions de personnes à fuir vers les pays voisins.
Plusieurs centaines de milliers de personnes, dont des femmes donnant naissance en chemin, ont aussi fui en Europe. En raison notamment de la discrimination liée au genre inscrite dans la loi syrienne relative à la nationalité, les enfants syriens ne peuvent acquérir la nationalité que par leur père.
Mais le conflit ayant laissé près de 25% des ménages de réfugiés syriens sans père en mesure d'attester la nationalité, la production d'un certificat de naissance reste le seul moyen de prouver la citoyenneté d'un enfant dans de nombreux cas, constate le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies.
Et la France ?
La France, par la voie de l'Office Français pour la Protection des Réfugiés et des Apatrides (OFPRA), offre une protection aux apatrides. Leur nombre augmente de manière régulière (de 1.078 en 2009 à 1.288 en 2014) et la guerre en Syrie a fait passer le nombre de Syriens demandant le statut d'apatride de 4% des demandes en 2009 à 5,7% en 2014.
Pourtant, les continents les plus touchés restent l'Europe (en particulier dans les Etats issus de l'éclatement des blocs soviétique et yougoslave) et l'Afrique, ravagée par des conflits qui provoquent d'immenses déplacements de populations.
En Asie, la Birmanie reste le pays le plus touché par l'apatridie. Depuis 1982 et une disposition législative, les Rohingyas ont été privés de la nationalité birmane. Des milliers de personnes ont alors dû quitter le pays pour fuir les persécutions. Un exil qui se poursuit aujourd'hui dans toute l'Asie du Sud-Est.