Des milliers de Kurdes déplacés avec l'offensive turque en Syrie: "On est partis sous les bombes"

Une équipe de BFMTV est allée à la rencontre de déplacés kurdes, qui ont trouvé refuge à Hassaké dans le nord-est de la Syrie, après avoir été chassés par l'offensive turque.

Une semaine après le début des combats dans le nord-est syrien, 160.000 personnes ont déjà pris la route pour les fuir, selon un décompte de l'ONU. Les Kurdes, dont les forces sont visées par l'armée turque, tentent ainsi d'échapper à l'avancée des chars d'Ankara et à la mort tombée d'un ciel sillonné par les avions militaires.

BFMTV a pu rencontrer certains de ces civils à Hassaké, une ville syrienne située à une quarantaine de kilomètres des positions turques. Dans une école convertie en centre d'hébergement, 41 familles sont ainsi abritées.

Une école devenue centre d'hébergement 

Meriem, 39 ans, est venue chercher protection ici pour ses six enfants, après avoir quitté Ras al-Aïn: "On est partis sous les bombes turques et les tirs des chars. Ils ont tout détruit. Il y a toujours des combats, on les entend dans tous les villages autour. Je ne sais pas si ma maison est encore debout. Mes cousins sont morts à Ras al-Aïn et tous mes voisins sont morts."

Avina, quant à elle, est accompagnée de son fils handicapé. "A Ras al-Aïn, c’est horrible", affirme-t-elle. "Et mon fils est malade. On a fui de nuit, à 22 heures. Mes enfants dormaient mais tout le monde nous a dit de fuir et les bombardements ont commencé". "Je ne demande rien, simplement qu’on soigne mon fils. Je veux rentrer chez moi, je suis si fatiguée", poursuit-elle. 

"Même si la guerre finit..."

C'est aussi pour mettre ses proches en sûreté qu'Amel, âgée de seulement 19 ans, est arrivée à Hassaké. "J’aurais préféré qu’on reste là-bas, je m’en fiche de mourir. Mais je suis partie pour sauver mes petits frères et sœurs", dit-elle.

Cette échappée n'enlève toutefois rien à son fatalisme: "Je ne sais pas ce que je vais devenir si la guerre continue et même si elle finit. Je vais rester deux ans ici et puis d’autres viendront encore nous faire la guerre pour prendre nos terres et il faudra encore fuir. Ça fait six ans que je ne vais plus à l’école à cause des guerres."

Amélie Rosique et David Couloume, avec Robin Verner