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Allemagne: l'ex-secrétaire nazie qui avait tenté de fuir son procès placée en détention provisoire

Un officier de justice regarde sa montre alors que devait débuter le procès d'une ancienne secrétaire d'un camp de concentration nazi, devant la Cour d'Itzehoe dans le nord de l'Allemagne pour complicité de meurtre dans plus de 10.000 cas, le 30 septembre 2021

Un officier de justice regarde sa montre alors que devait débuter le procès d'une ancienne secrétaire d'un camp de concentration nazi, devant la Cour d'Itzehoe dans le nord de l'Allemagne pour complicité de meurtre dans plus de 10.000 cas, le 30 septembre 2021 - Markus Schreiber © 2019 AFP

L'accusée, âgée de 96 ans, s'était enfuie puis a été retrouvée quelques heures plus tard alors que s'ouvrait ce jeudi son procès pour complicité de meurtre dans plus de 10.000 cas.

Sa courte cavale a pris fin. Une ex-secrétaire d'un camp de concentration nazi aujourd'hui âgée de 96 ans a pris la fuite puis a été retrouvée quelques heures plus tard alors que s'ouvrait son procès ce jeudi en Allemagne. Elle a ensuite été placée en détention provisoire en début de soirée.

Compte tenu de sa cavale, le procès d'Irmgard Furchner est reporté, au 19 octobre, a expliqué le président du tribunal de cette ville du nord de l'Allemagne, Dominik Gross.

"L'accusée est en fuite (...) Un mandat d'arrêt a été émis", avait sobrement annoncé le président de la Cour près de vingt minutes après l'ouverture prévue de la première audience ce jeudi à Itzehoe, dans le nord de l'Allemagne, où elle doit répondre de complicité de meurtre dans plus de 10.000 cas.

Irmgard Furchner "a quitté son foyer (pour personnes âgées) ce matin. Elle a pris un taxi" pour rejoindre une station de métro de la périphérie d'Hambourg, a précisé Frederike Milhoffer.

Consternation face à la fuite de l'accusée

Son avocat, Wolf Molkentin, était présent dans le prétoire mais il n'a fait aucune déclaration aux journalistes.

Cette fuite, qui selon Der Spiegel avait été annoncée par l'accusée dans une lettre adressée au président de la Cour, Dominik Gross, a suscité la consternation, notamment du président du Centre Simon-Wiesenthal qui traque les nazis encore en vie.

"Suffisamment en bonne santé pour fuir, suffisamment en bonne santé pour aller en prison!", a tweeté Efraim Zuroff.


Jusqu'ici les quatre anciens gardes ou employés de camps nazis qui ont été condamnés depuis dix ans en Allemagne s'étaient tous assis dans le box des accusés.

Procès d'un centenaire, ancien garde nazi, à venir

En raison de la présence prévue de plus de 130 journalistes ainsi que de nombreuses parties civiles, le tribunal d'instance d'Itzehoe a été déplacé dans un bâtiment d'une zone d'entrepôts à l'extérieur de la ville.

Seule femme impliquée dans le nazisme à être jugée depuis des décennies en Allemagne, Irmgard Furchner ne s'est pas exprimée sur les faits qui lui sont reprochés avant l'ouverture du procès. Ce dernier doit être suivi par celui, une semaine plus tard, d'un centenaire, un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, près de Berlin.

Jamais encore l'Allemagne, qui a longtemps montré peu d'empressement à retrouver ses criminels de guerre, n'avait jugé d'anciens nazis aussi âgés.

Elle aurait tapé "les ordres d'exécution"

L'accusation lui reproche d'avoir participé au meurtre de détenus dans le camp de concentration de Stutthof, dans la Pologne actuelle, où elle travaillait en tant que dactylographe et secrétaire du commandant du camp, Paul Werner Hoppe, entre juin 1943 et avril 1945.

Dans ce camp proche de la ville de Gdansk (Dantzig à l'époque) où périrent 65.000 personnes, "des détenus juifs, des partisans polonais et des prisonniers de guerre soviétiques" ont été systématiquement assassinés, a rappelé le Parquet.

L'avocat Christoph Rückel, qui représente depuis des années des survivants de la Shoah, a assuré sur la chaîne régionale publique de télévision NDR, qu'elle avait "tapé à la machine les ordres d'exécution et de déportation et apposé ses initiales".

À l'issue d'une longue procédure, la justice avait estimé en février que la nonagénaire était apte à comparaître malgré son grand âge.

D. R. avec AFP