Egypte : le "Jour de la révolution" vire aux affrontements

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Plus de 370 blessés et au moins quatre morts... Le premier bilan des manifestations anti-Morsi est déjà lourd en Egypte, vendredi soir, alors que l'armée a été appelée pour sécuriser les routes principales et les bâtiments officiels dans les villes du Caire, de Gizeh, d'Ismaïlia et de Port Said, sur ordre du ministère de l'Intérieur. Selon la télévision d'Etat, le bilan serait même de ciq morts, sans que l'on sache précisément s'il s'agit de manifestants ou des policiers.
Plusieurs manifestations se tenaient contre le pouvoir islamiste, et notamment le président Mohamed Morsi, à l'occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui renversa Hosni Moubarak.
Ce regain de tension dans la crise qui règne entre le président égyptien, qui se prévaut d'avoir été démocratiquement élu en juin, et l'opposition qui l'accuse de dérive autoritaire, est aggravé par les lourdes difficultés économiques que traverse le pays.
(Khaled Desouki - AFP)
"Dégage, dégage"
Des accrochages sporadiques entre groupes de jeunes et forces de l'ordre se sont poursuivis tout au long de la journée aux abords de la place Tahrir, dans le centre du Caire, où une foule de milliers de personnes réclamait une "nouvelle révolution" et une "vraie démocratie".
Une énorme pancarte était déployée sur la place avec l'inscription "Le peuple veut faire tomber le régime", tandis que la foule scandait "dégage, dégage" à l'encontre de Mohamed Morsi, comme pour Hosni Moubarak il y a deux ans.
(AFP)
"Ca va être une grosse journée"
A Alexandrie (nord) et Suez (nord-est), la police a également fait usage de gaz lacrymogène contre des manifestants, selon des témoins. A Ismaïliya (nord-est) des manifestants ont mis le feu au siège local du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), la formation politique des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat.
Des bâtiments publics ont également été pris à partie à Damiette (nord) et Kafr el-Cheikh (delta du Nil).
"Ca va être une grosse journée [...] parce que les Egyptiens en ont marre", prédisait un manifestant au Caire, Mohammed Abdallah. "L'Egypte a besoin d'une nouvelle révolution pour les jeunes et pour une vraie démocratie", affirmait un autre, Chawki Ahmed, 65 ans.
Contexte délicat
L'opposition, composée de mouvements en majorité de gauche et libéraux et qui affiche une unité encore précaire, a appelé à défiler en reprenant les mêmes mots d'ordre qu'il y a deux ans: "Pain, liberté, justice sociale".
Outre la crise politique, l'Egypte affronte une grave crise économique, avec l'effondrement des investissements étrangers, la chute du tourisme et un déficit budgétaire en hausse notamment.
Le contexte est aussi alourdi par l'annonce attendue samedi du verdict dans le procès des responsables présumés de la mort de 74 personnes à l'issue d'un match de football à Port-Saïd (nord-est) en février 2012.