Crash d'un avion russe en Egypte: les hypothèses envisagées

Que s'est-il produit ce samedi matin, en plein désert égyptien du Sinaï, où s'est crashé un avion de ligne russe, avec 224 occupants, tous morts dans la catastrophe? Impossible ce samedi soir de répondre à cette question. Les boites noires, qui ont été retrouvées dans la journée, devraient aider les enquêteurs à faire toute la lumière sur ce drame.
La branche égyptienne du groupe Etat islamique a revendiqué, dans l'après-midi, avoir abattu l'appareil. Une hypothèse à prendre avec des pincettes, et qui rencontre le scepticisme de nombre d'experts en aéronautique, même si, de l'avis de certains spécialistes de Daesh, elle n'est pas à exclure.
BFMTV. com fait le point sur les multiples hypothèses qui pourraient expliquer la catastrophe.
● Les hypothèses très improbables
Un missile à 9.000 mètres d'altitude. Que le groupe Etat islamique (EI) ait pu atteindre l'appareil à 9.000 mètres d'altitude paraît peu crédible aux yeux des experts. "C'est 'même pas en rêve' (absolument impossible, ndlr), c'est de la communication pure et simple", a expliqué Gérard Feldzer, ancien directeur du musée de l'Air et de l'Espace. Un tel scénario nécessite une "grosse logistique" dont un camion-radar traqueur et des missiles longue portée, et les membres de l'EI "n'ont pas le matériel pour déglinguer un avion à 9.000 mètres d'altitude", selon Gérald Feldzer. Pour atteindre un avion à cette altitude de croisière, "il faut disposer de missiles difficiles d'utilisation donc ça paraît peu probable", a renchéri Jean-Paul Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA). "Cela suppose des personnes entraînées et un équipement que l'EI n'a pas à ma connaissance", selon Paul Troadec.
Un missile à basse altitude. L'hypothèse d'une atteinte par un missile à une moindre altitude est possible mais à prendre également avec des pincettes, selon ces experts. Il n'est "pas impossible" que l'avion, s'il a subi une défaillance technique, soit descendu à plus basse altitude, et qu'il ait ensuite pu être repéré par un missile à courte portée mais, estime Paul Troadec. Mais ce n'est "pas une chasse aux canards", ce "sont des choses qui se préparent, ils ne se disent pas: tiens un avion, on va tirer dessus". Selon un expert militaire, "rien n'exclut que l'avion, pour des raisons techniques ou autres, soit descendu à une altitude que les insurgés peuvent atteindre avec les roquettes ou missiles dont ils disposent". Le ministre russe des Transports Maxime Sokolov a toutefois rapidement rejeté la revendication de l'EI. "Nous nous trouvons en contact étroit avec nos collègues égyptiens et les autorités aériennes de ce pays. A l'heure actuelle, ils ne disposent d'aucune information qui confirmerait de telles insinuations", a-t-il indiqué.
● Les hypothèses possibles
Une défaillance technique. L'"ennui technique majeur est possible" (comme le feu ou une explosion moteur), selon les experts. Selon un responsable de l'autorité de contrôle de l'espace aérien en Egypte, le capitaine s'est plaint d'une défaillance technique des équipements de communication. C'est qu'il était "conscient d'un problème", observent les experts. Toutefois, selon un communiqué de Metrojet, l'appareil en question avait subi un contrôle technique complet en 2014.
L'agence en charge du secteur aérien, Rosaviatsia, a indiqué aux agences russes ne disposer d'"aucune raison de considérer que la cause de la catastrophe soit un problème technique ou une erreur de l'équipage". La Russie avait autrefois une réputation très mauvaise en terme de sécurité aérienne en raison d'un parc aérien vieillissant mais la situation a changé ces dernières années parce que les principales compagnies, surtout Aeroflot qui domine largement le marché, ont modernisé leur flotte commandant un bon nombre d'Airbus et Boeing tout neufs. Cependant les petites compagnies régionales et celles qui organisent des vols vers les destinations ensoleillées pour les Russes les plus modestes conservent une flotte plus ancienne.
Un attentat terroriste. "L'attentat terroriste n'est pas à écarter", selon les experts du transport aérien, qui considèrent qu'une "bombe a pu être placée à bord de l'avion". Selon l'expert militaire, "pour ce qui est d'une bombe dans l'avion, quelle que soit sa taille, si elle explose à 10.000 m d'altitude, l'avion est complètement désintégré en raison de la pressurisation. Mais il a pu se passer quelque chose ou quelqu'un à bord qui a pu forcer le pilote à descendre et qu'un engin ait explosé lorsque l'avion était plus bas". Selon d'autres experts, les aéroports égyptiens ne sont pas très sourcilleux sur le contrôle des bagages.
● Hypothèse peu probable
Une erreur de pilotage. Selon Metrojet, le commandant de bord, Valéri Nemov, avait plus de 12.000 heures de vol au compteur dont 3.860 sur A321. Les conditions météorologiques étaient plutôt bonnes.