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Traversée de la Manche: des maires du littoral interpellent Bruno Retailleau

Des migrants à bord d'un bateau de passeurs pour tenter de traverser la Manche jusqu'au Royaume-Uni, sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 26 avril 2024

Des migrants à bord d'un bateau de passeurs pour tenter de traverser la Manche jusqu'au Royaume-Uni, sur la plage de Gravelines, près de Dunkerque, dans le nord de la France, le 26 avril 2024 - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP

Les maires réunis ce vendredi 8 novembre se sont accordés sur plusieurs mesures à proposer au ministre de l'Intérieur, parmi lesquelles la nomination d'un préfet à l'immigration.

Des maires de communes situées sur le littoral de la Manche ont réclamé ce vendredi 8 novembre de rencontrer le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui ne s'est pas encore rendu sur les plages où une quinzaine de migrants sont morts depuis sa prise de fonction.

Plusieurs maires, dont celle de Calais Natacha Bouchart (divers droite), étaient réunis vendredi pour s'accorder sur "une dizaine" de propositions à présenter au ministre, a indiqué cette dernière. A moins d'être reçus avant, le collectif trans-partisan compte les présenter lors du Congrès des maires qui se tient à partir du 19 novembre à Paris.

Parmi les propositions à l'étude pour "récupérer une tranquillité sur l'ensemble de la bande littorale", celle de la nomination d'un préfet à l'immigration.

L'année la plus meurtrière dans la Manche

Avec des départs de migrants de plus en plus éparpillés sur le littoral français, les maires confrontés à cette "crise humanitaire" reprochent à l'État son silence, alors que 2024 est de loin l'année la plus meurtrière dans la Manche. Au moins 60 candidats à l'exil sont morts et d'autres ont disparu en mer dans les traversés clandestines vers l'Angleterre depuis janvier.

Le maire sans étiquette d'Equihen-Plage (Pas-de-Calais), Christian Fourcroy, a un "gros problème": la saturation du réseau de bus, utilisé à la fois par les habitants et les migrants tentant de rejoindre les plages.

"On s'efforce au niveau de la communauté et de l'agglomération de mettre des bus supplémentaires, mais pour l'instant, c'est à notre charge, l'État ne nous aide pas", indique-t-il, faisant état d'un "ras-le-bol" de ses concitoyens.

"On n'a pas encore eu de nouvelles de Bruno Retailleau, il préfère s'occuper des matchs de football que d'immigration", a-t-il déploré.

"Ca n'interpelle plus personne qu'on repêche des morts"

"L'État doit aussi entreprendre des négociations nouvelles avec certainement l'État britannique", a souligné le maire d'Ambleteuse, Stéphane Pinto (sans étiquette). "La priorité pour nous, c'est de rencontrer le ministre".

Estimant le nombre de morts à 65 depuis le début de l'année, un record, Natacha Bouchart a déploré "qu'on banalise ces drames quotidiens": "ça n'interpelle plus personne qu'on repêche des morts, des femmes, des enfants".

Elle a souhaité "une réflexion pour voir comment on est en capacité de les empêcher d'accéder" aux plages pour s'embarquer dans des bateaux de fortune, et un renforcement de la lutte contre les réseaux de passeurs.

E.R. avec AFP