Pourquoi l'organisation du carnaval de Dunkerque pose plus problème que celui de Nice?

Carnaval de Dunkerque en février 2017 (illustration) - PHILIPPE HUGUEN / AFP
"C'est la goutte de trop pour de nombreux carnavaleux". Depuis la recommandation de la préfecture du Nord lundi, d'annuler le carnaval de Dunkerque, certains habitués des festivités sont dans l'incompréhension.
"Tous les carnavaleux sont tristes. Ils ont aussi un petit peu de colère puisque normalement les restrictions après le 16 février étaient levées. On met 50.000 personnes dans un stade, on accepte le carnaval de Nice, on accepte d'autres carnavals et le nôtre non", s'étonne au micro de BFM Lille, Pascal Bonne, tambour-major de la bande de Dunkerque.
"Incompatible avec l'application des gestes barrières"
Lundi, la préfecture du Nord a indiqué, après consultation de l'ARS, que l'organisation des festivités n'était pas raisonnable en raison de la situation sanitaire "toujours préoccupante".
"Les conditions ne sont donc hélas pas réunies pour permettre l’organisation d’une quelconque festivité de carnaval, comme chacun sait totalement incompatible avec l’application des gestes barrières", a ajouté le préfet.
Suivant cette recommandation, les maires ont donc décidé d'annuler les bandes, organisées dans les communes de la communauté urbaine de Dunkerque.
La situation est-elle si éloignée à Nice? C'est sur ce respect des gestes barrières qu'a misé le maire Christian Estrosi début janvier, pour maintenir le Carnaval de Nice. Le carnaval s'ouvre ainsi ce vendredi et jusqu'au 27 février, il pourra notamment accueillir des milliers de spectateurs en tribune.
La différence avec Dunkerque tient sans doute de la façon même de célébrer le carnaval. A Nice, il s'agit de défilés de chars, un spectacle avec du public installé le long d'un parcours et en tribune. Pour y accéder, l'accès est soumis à la présentation d'un billet payant.
Un carnaval "un peu particulier"
A Dunkerque, les carnavaliers font partie même du spectacle et le brassage des carnavaliers est au coeur des bandes.
"Je conçois bien que le carnaval est un peu particulier chez nous", admet d'ailleurs sur BFM Grand Lille, Pascal Bonne, tambour-major de la bande de Dunkerque.
A cela s'ajoutent les bals, autres grands rendez-vous du carnaval organisés par les associations et qui rassemblent jusqu'à 10.000 personnes. L'idée de les soumettre à des jauges a bien été à l'ordre du jour. Mais comme l'indiquait La Voix du Nord en novembre, la réduction d'une jauge à 5000 carnavaleux pour les bals au Kursaal ne convainquait déjà pas en fin d'année: pas assez rentable d'organiser un bal en demi-jauge pour les associations carnavalesques, déjà en difficulté après l'annulation de 2021.
Les associations doivent se réunir ce mercredi pour décider de la tenue ou non des bals après le 15 février. Certaines d'entre elles ont déjà prévu de renoncer à l'organisation de ces événements.
Pourquoi ne pas reporter le carnaval?
Une autre solution pour les organisateurs du carnaval de Dunkerque aurait pu être de reporter l'événement, comme celui de Bailleul. Initialement prévu du 25 février au 1er mars, il a été décalé pour la première fois de son histoire au mois de juin.
Mais pour Dunkerque, l'idée n'a pas séduit. Pour Julien Gokel, maire de Cappelle-la-Grande et vice-président de la Communauté Urbaine de Dunkerque, reporter le carnaval de quelques mois "casserait l'histoire et la tradition" des Dunkerquois. "Le carnaval, c'est la période de Mardi Gras, explique-t-il. Reporter le carnaval de Dunkerque au deuxième trimestre, ça enlèverait tout le charme du Carnaval."