Migrants à Calais: les deux militants arrêtent leur grève de la faim à leur 38e jour

Trois militants, dont un prêtre de 72 ans (G), pendant leur grève de la faim pour dénoncer les démantèlements de camps de migrants, le 14 octobre 2021 à Calais - DENIS CHARLET © 2019 AFP
Les deux militants associatifs Anaïs et Ludovic ont décidé d'arrêter leur grève de la faim après 38 jours de privation, a appris BFM Grand Littoral ce mercredi.
"Nous ne sommes plus en capacité de lutter à travers la grève de la faim. C'est pourquoi nous avons décidé aujourd'hui d'y mettre un terme", ont déclaré Anaïs Vogel et Ludovic Holbein.
Par leur action, ils souhaitaient dénoncer depuis plus d'un mois, le sort réservé aux migrants à Calais. Ils demandaient notamment l'arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale et la fin de la confiscation des effets personnels des migrants.
Accompagnés dans un premier temps par le prêtre Philippe Demeestère, celui-ci avait arrêté sa grève de la faim il y a deux semaines afin de "continuer le combat autrement".
"Nous sommes fatigués et en colère. Nous ne sommes pas écoutés. Le dialogue est fermé", a déclaré Ludovic Holbein, pull en laine, bonnet noir et épaisse barbe grisonnante.
Les larmes aux yeux, amaigrie, Anaïs Vogel a ensuite affirmé qu'elle avait "honte des hommes et des femmes politiques qui nous gouvernent".
Un médiateur à Calais
Le gouvernement avait rapidement dépêché un médiateur sur place, le patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) Didier Leschi, pour tenter d'apaiser la situation.
Ce dernier leur avait demandé le 10 novembre, après plusieurs rencontres avec eux et des associations, de cesser leur grève.
"Nous avons remédié à la question des effets personnels des migrants, en mettant fin aux évacuations par surprise. Ils ont désormais un délai pour les récupérer. Nous avons répondu à la demande d'un dialogue citoyen", avec un comité qui réunit associations et services de l'État, avait notamment énuméré l'émissaire gouvernemental.
Un "centre d'accueil" pour la nuit a également été ouvert de manière temporaire, mais fermé depuis. Les exilés sont désormais conduits vers de nouvelles places d'hébergement: 150 dans le Pas-de-Calais et 150 en dehors, selon un communiqué mercredi de la préfecture.
Une envolée des traversées de la Manche
Depuis des années, des migrants affluent sur le littoral des Hauts-de-France dans l'espoir de rallier le Royaume-Uni, avec une envolée depuis 2020 des traversées à bord de petites embarcations.
Selon le Royaume-Uni, 22.000 migrants ont réussi à rallier l'Angleterre depuis janvier. Le bilan humain s'élève à trois morts et quatre disparus.
Le traitement des exilés cristallise les critiques des associations et responsables humanitaires, ainsi que d'élus.