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Pourquoi mange-t-on traditionnellement des moules-frites à la braderie de Lille?

Repas de moules-frites

Repas de moules-frites - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Du poulet remplacé par des moules à cause d'une épidémie, des frites originaires de Belgique ou de France et des tonnes de coquilles à recycler après la braderie... BFMTV.com vous raconte l'histoire des célèbres moules-frites de la braderie de Lille.

Maroilles, curry, crème... et mangées avec les doigts, bien sûr. Alors que la braderie de Lille se tient ce week-end, BFMTV.com se penche sur l'un des passages incontournables de l'événement: la dégustation, sous toutes ses formes, des moules-frites.

Si du côté de la ville de Lille, on assure que les moules-frites "sont des filles du Nord", le célèbre plat de la capitale des Flandres, et plus largement du reste de la région, n'a finalement été popularisé que (relativement) récemment de l'autre côté de la frontière belge.

C'est au XIXe siècle qu'une célèbre brasserie bruxelloise, "La Friture Léon", l'aurait mis au goût du jour et des papilles des habitués de l'époque. Toujours au même siècle, d'autres pistes avancent également que le plat tiendrait son origine d'un champ de foire du côté de Lièges.

Pour la braderie de Lille en elle-même, les frites et les moules font aujourd'hui partie du décor à part entière. D'abord séparées, elles se sont finalement mariées avec le temps. Petit tour d'horizon de cette "histoire finalement pas si vieille et peu documentée".

Le poulet est mort, vive la moule

Du côté du mollusque le plus réputé du Nord, son apparition à la grande braderie de Lille se serait produite "dès le 15e siècle" rapporte la municipalité lilloise.

"Elles auraient supplanté le poulet rôti traditionnellement vendu à la braderie, suite à une maladie décimant les volatiles", peut-on lire sur le site la ville.

Alors qu'"aucun document n’appuie cette hypothèse", la mairie ironise quant à la qualité de ces nouvelles remplaçantes dans les assiettes nordistes. Les moules n'ayant à l'époque aucun moyen d'être conservées au frais lors de leur trajet depuis la Zélande, aux Pays-Bas, située à quelque 150 kilomètres de Lille. Fraicheur garantie.

Français et Belges se frittent pour de la patate

Ce ne sont finalement que quelques siècles plus tard que les frites arriveront en guise d'accompagnement au côté des moules. Là encore, l'origine de ces pommes de terre frites est floue. Les french fries, comme les appellent les anglo-saxons, n'ont-elles de français que leur nom anglais?

Du côté du Plat Pays, on assure mordicus que la frite est née à Namur au 17e siècle. Face à un hiver virulent, rendant la pêche impossible dans la région, des habitants auraient alors découpé et frit de la pomme de terre en forme de poisson, à la place des réels petits animaux aquatiques destinés à la friture.

Nos confrères belges de la RTBF précisent toutefois que cette anecdote, découverte dans un manuscrit de 1781, parle "de tranches fines de pommes de terre mises à frire dans un tout petit peu de graisse, comme il en existe un peu partout ailleurs en Europe", et non de réelles frites comme on les connaît encore aujourd'hui.

Le Frietmuseum de Bruges en prendrait un coup s'il apprenait que sa star était née de l'autre côté des Ardennes... Et pourtant, cocorico? La "pomme frite Pont-Neuf" est en fait une invention parisienne. C'est bien dans le quartier du Pont-Neuf (1e arrondissement de Paris), que les bâtonnets de pommes de terre, plongés deux fois dans de la graisse, font leur apparition au lendemain de la Révolution française.

"N’en déplaisent toutefois aux Belges, la frite d’aujourd’hui est fondamentalement parisienne", confiait il y a quelques années Pierre Leclercq, historien de la gastronomie, au Figaro.

Au final, peu importe d'où viennent réellement les moules-frites, le tout pour les Lillois est bien que le tas géant de coquilles continue de grossir et d'impressionner d'année en année les passants. Lors de l'édition 2022, 500 tonnes de moules ont été englouties en un week-end.

Alixan Lavorel