Salle de shoot à Lille: "ferme opposition" de Darmanin, Aubry "étonnée"

Une salle de consommation à moindre risque (SCMR) devait voir le jour au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie situé au 57 rue de Metz et géré par le CHU de Lille. Mais Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, est fermement opposé à ce projet.
D’après les informations de La Voix du Nord, le ministre de l’Intérieur avait été sollicité par le préfet du Nord Michel Lalande pour donner un avis sur la question. Gérald Darmanin lui a témoigné sa "ferme opposition" au projet. Dans sa lettre, le ministre a dénoncé "les conséquences extrêmement néfastes de la création de SCMR de Paris et de Strasbourg sur l’ordre public."
Pour la répression de la drogue plutôt que l’accompagnement
D’après lui, "ces salles présentent des inconvénients majeurs, dont celui de favoriser la fixation des consommateurs en un lieu unique", ce qui peut provoquer des troubles à l’ordre public tels que des dégradations ou des rixes. Des situations qui "font l’objet de nombreuses plaintes de la part des habitants concernés."
Cependant l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) avait souligné un bilan positif des deux SCMR déjà installées à Paris et Strasbourg à titre expérimental depuis 2016. Dans un document publié vendredi 7 mai, l’institut expliquait que ces salles étaient efficaces, dans la mesure où globalement, les toxicomanes étaient en meilleure santé, que leur coût était raisonnable et qu’il n’y avait pas d’impact négatif sur la tranquillité publique.
Mais la salle de Paris, implantée dans le Xe arrondissement à proximité de l’hôpital Lariboisière, fait tout de même polémique auprès de certains riverains. L’étude de l’Inserm recommande donc d’améliorer les dispositifs de médiation.
La mairie favorable à une expérimentation
C'est ce dernier qui "tranchera après avoir demandé l'avis du préfet et du procureur de la République", a rappelé ce mercredi à l'Agence France-Presse (AFP) la maire PS de Lille, Martine Aubry, précisant avoir "parlé" de ce dossier avec Jean Castex mardi.
"Je m'étonne qu'un ministre prenne partie contre une loi où le Premier ministre doit prendre une décision", a-t-elle réagi, dénonçant des "propos inappropriés".
"Quand on est ministre, on applique les lois. Et la loi aujourd'hui dit qu'on a le droit de déposer un dossier d'expérimentation, ce que nous faisons. Je pense que notre dossier est complet: il a été travaillé de manière très collaborative, avec la police, la justice, les médecins, le CHU, les associations, tout le monde", a-t-elle souligné.
Selon elle, il ne faut pas "opposer les problèmes de santé publique et de sécurité publique" mais "prendre le problème par tous les bouts".
En février, la maire de Lille Martine Aubry s’était montrée favorable à l’expérimentation de ce projet. Le 9 juin, l’adjoint à la solidarité Arnaud Deslandes avait annoncé que tout était prêt pour l’ouverture de cette salle de consommation à moindre risques.
Cette salle doit être financée à hauteur de 1 million d’euros par la Direction générale de la Santé et 12 personnes, infirmiers et éducateurs spécialisés doivent l’animer pour offrir un parcours de soins aux toxicomanes.