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“Ça continue”: toujours harcelée, la meilleure amie de Lindsay a fait sa rentrée dans le même collège

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L'adolescente a fait sa rentrée en troisième dans le même établissement scolaire. Le harcèlement dont elle est victime depuis des mois n'a pas cessé pendant les vacances d'été.

Près de quatre mois après le suicide de Lindsay, victime de harcèlement scolaire au collège de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), sa meilleure amie Maïlys a fait sa rentrée en troisième dans le même établissement en début de semaine.

Un moment difficile pour l'adolescente, elle aussi harcelée depuis plusieurs mois. Attendue par sa mère à la sortie des cours, Maïlys reconnaît avoir été stressée par cette rentrée, et ne cesse de se ronger les ongles.

"Ça a été très dur pour elle", reconnaît sa mère, Séverine, au micro de BFMTV. Après une première demi-journée de cours lundi, l'adolescente a dû passer la journée entière au collège ce mardi. "Elle n'était pas très bien, elle est rentrée de l'école pour prendre sa douche et se poser dans sa chambre. Elle s'est renfermée sur elle."

"Elle appréhendait la rentrée

Séverine, sa mère, s'inquiète quant à elle du changement d'attitude de sa fille, qui reste silencieuse sur son téléphone dans la voiture, et s'enferme dans sa chambre dès qu'elle rentre à la maison.

"Son comportement a complètement changé. Elle s'est complètement renfermée sur elle-même", explique la mère de l'adolescente au micro de BFMTV. "On voyait qu'elle était stressée, elle appréhendait la rentrée scolaire."

Lors de l'année scolaire précédente, l'adolescente et sa meilleure amie avaient été victimes de harcèlement pendant des mois. Les deux jeunes filles avaient été la cible d'insultes et de moqueries au sein de leur collège, mais aussi sur les réseaux sociaux.

"Au début, ça a commencé avec elle. Mais vu que c'était ma meilleure amie, je la défendais et après, ils se sont attaqués à moi et à nous deux" avait raconté Maïlys après le suicide de sa meilleure amie.

Retour dans le même collège

Malgré le harcèlement incessant, l'adolescente avait refusé de changer d'établissement scolaire. "Ce n'est pas à moi de partir. Si je pars, je vais donner aux autres ce qu'ils veulent", avait-elle déclaré.

Une décision qui avait notamment préoccupé ses parents. Sa mère explique sur BFMTV avoir mis du temps à remplir le dossier scolaire de sa fille pour sa réinscription dans l'établissement. "Je voulais être sûre qu'elle prenne la bonne décision", poursuit Séverine.

Depuis, la mère de l'adolescente a rencontré le nouveau principal, qui lui a demandé "ce qu'il pouvait mettre en place pour Maïlys."

"Moi, la seule chose que je voulais, c'est qu'elle soit avec une copine qui a été très proche cet été", déclare la mère de l'adolescente.

La harcèlement continue

Car le retour au collège est une source d'inquiétude pour les parents de la jeune fille. Stressée à l'idée de retourner dans l'établissement, Maïlys a "fait une crise d'angoisse juste avant la rentrée" et a dû être conduite aux urgences. Car le harcèlement qu'elle subissait avant la fin de l'année scolaire ne s'est pas arrêté pendant les vacances.

Des élèves continuent de dire des "choses très méchantes sur Lindsay, sur Betty [la mère de Lindsay] et sur elle. Parce que ça continue encore, le harcèlement. Les menaces de mort, ça continue encore".

Sur le téléphone de sa fille, Séverine peut voir les moqueries et menaces qui sont adressées à Maïlys en ligne.

"'On va te harceler'", lit Séverine, les yeux rivés sur les intimidations reçues en ligne par sa fille. "Et après, c'est 'Meurs, Maï, meurs, meurs, meurs.'"

Une situation qui angoisse particulièrement les parents de la jeune fille. "Personne ne la protège", déplore sa mère. "On n'est pas tranquille. On part travailler on n'est pas tranquille. Si elle ne me répond pas dans la minute qui suit au téléphone, on est stressé."

Les parents reçus par Gabriel Attal

Après le suicide de Lindsay, quatre mineurs avaient été mis en examen pour "harcèlement scolaire ayant conduit au suicide". Une enquête administrative avait été ouverte, tandis que la famille de Lindsay avait déposé plainte, notamment contre l'établissement scolaire et le rectorat.

La mère de Maïlys, ainsi que la mère de Lindsay, doivent désormais rencontrer Gabriel Attral, le ministre de l'Éducation nationale ce mercredi. Un échange dont la mère de Maïlys attend beaucoup. "On attend qu'il nous propose des actions. Il ne suffit pas d'avoir que des paroles, on attend beaucoup d'actes", déclare-t-elle.

La mère de l'adolescente attend notamment des réponses claires sur le programme gouvernemental pHARe, un dispositif de lutte contre le harcèlement scolaire inspiré d'un programme finlandais, dont Séverine doute de l'efficacité, "à part protéger les harceleurs".

"C'est nos filles qui ont été punies parce qu'elles ont demandé de l'aide aux responsables. (...) Il [le principal du collège] n'a rien fait pour nos filles. Jusqu'au bout, nos filles ont demandé de l'aide", conclut la mère de l'adolescente.

Deux numéros dédiés au harcèlement

Tout élève victime de harcèlement scolaire peut contacter gratuitement le numéro national d'écoute au 3020. L'élève ou ses proches peuvent également contacter le 3018 en cas de cyberharcèlement. Ce numéro est joignable 7 jours sur 7, de 9h à 23h.

Baptiste Keita, Alizé Boissin avec Laurène Rocheteau