Les vignobles du sud bordelais pourraient courir à la "catastrophe" avec la future ligne TGV

Le château d'Yquem, sur la future ligne Bordeaux-Dax (photo d'illustration) - Nicolas Tucat/AFP
Une "catastrophe" pourrait toucher les vignobles du sud de Bordeaux, en particulier ceux des appellations Sauternes et Graves. Le risque dénoncé par les viticulteurs est celui de la future ligne à grande vitesse (LGV) qui selon le tracé actuel (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax), ne permettra pas de préserver les productions.
Le microclimat des vignobles menacé
Avec cette nouvelle ligne, la spécificité des vins de Sauternes est en jeu, selon Xavier Planty président de l’Organisme de gestion (ODG) de Sauternes et Barsac. Il condamne "un projet délétère pour notre appellation" dont la spécificité provient notamment du microclimat. "Avec ce tracé qui traverse la zone humide de la vallée du Ciron et sa hêtraie vieille de 50.000 ans, le microclimat du Sauternais est menacé" explique-t-il. Xavier Planty détaille: "C’est le Ciron qui est responsable de la richesse de nos terroirs et de l’apparition du botrytis".
Le botrytis est une "pourriture noble", un champignon qui se développe dans le raisin, le fait surmûrir et donne au Sauternes son caractère liquoreux.
Un plateau viticole "coupé en deux"
Côté Graves, le patrimoine est aussi menacé selon Laurent Gapenne, président de la Fédération des grands vins de Bordeaux qui assure que "15 hectares sont directement concernés et la porte d'entrée du vignoble au sud de Bordeaux constituée par un superbe plateau viticole est coupé en deux".
Les vignerons ne décolèrent pas depuis fin septembre, quand le gouvernement a décidé de passer outre l’avis défavorable de l'enquête publique datant de mars dernier et de ne pas donner suite à la proposition de tracé alternatif qu'ils ont élaborée.
Les viticulteurs demandent des garanties
Mercredi, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB) et la FGVB ont écrit au chef de mission du projet pour demander que soient pris en compte les risques pour leurs vignobles. Laurent Gapenne réclame dans ce courrier des garanties que le tracé "n'aura aucune incidence sur ce terroir emblématique, sur les conditions de production de ces vins liquoreux et sur l'avenir de nos viticulteurs".
Les travaux de cette LGV devraient durer 7 ans et ne sont pas encore financés. Pour les 327 kilomètres de ligne entre Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, le coût est estimé à 8,3 milliards d’euros. Les lignes doivent être mises en service respectivement en 2024 et en 2027.