Pharmacie, chimie, agroalimentaire: François Bayrou veut "lancer la reconquête de l’appareil productif français"

Pour François Bayrou, "lancer la reconquête de l'appareil productif français sera le défi majeur de la décennie qui vient". - Loïc Venance-AFP
La crise du Covid a souligné les carences de la France et de l’Europe en matière de souveraineté. "Ça a été une prise de conscience brutale", explique dans une interview au JDD ce dimanche François Bayrou, évoquant la pénurie de masques, gants et blouses mais également le manque de médicaments anticancéreux, anti-inflammatoires, anesthésiants...
Voir un grand pays médical comme la France menacé de rupture sur les produits pharmaceutiques les plus nécessaires, c'est inimaginable", poursuit-il.
Une usine bretonne de masques rachetée par une multinationale américaine
En cause: la délocalisation "depuis vingt ou vingt-cinq ans" de nombre de productions vitales en dehors des frontières européennes. Le haut-commissaire au plan donne l’exemple d’une unité de production en Bretagne, qui jusqu’en 2018, pouvait fournir jusqu’à 200 millions de masques par an. "Cette usine, rachetée par une multinationale américaine, a été fermée il y a deux ans, déplore-t-il. C'était sans doute l'intérêt de l'entreprise, ça compte, bien sûr, mais l'intérêt général, c'est encore plus important."
Trop tard pour l’industrie française au vu de son retard? François Bayrou répond "non, non et non! Accepter cette idée serait une capitulation".
Eau, cybersécurité, énergie, agroalimentaire…
Pour le haut-commissaire au Plan, "la première chose à faire est de déterminer ce qui est vital". Et le secteur pharmaceutique n’est pas le seul concerné.
Tout ce qui touche à l’eau, à la cybersécurité des entreprises, à l’énergie, aux télécommunications, à l’agroalimentaire", sont selon François Bayrou des "filières stratégiques qui méritent protection et soutien".
"Ce sera ensuite à l'État, stratège et fédérateur, et aux industriels, qui sont les acteurs, d'organiser cette protection comme un impératif national."
"Lancer la reconquête de l'appareil productif français sera le défi majeur de la décennie qui vient"
Il évoque les taux zéro des grandes banques centrales qui ont "privilégié le financement de l'économie réelle "quoi qu'il en coûte", avec un seul but: le plein-emploi". "C'est une révolution, lance-t-il, des facilités de crédit dont auraient rêvé toutes les générations précédentes."
Et en même temps, cela rend la concurrence mondiale "encore plus dure". Pour faire face, il faut avoir "le meilleur appareil de production", explique-t-il, rappelant que "la part de l'industrie dans le PIB de la France, c'est 13%" alors qu’elle est de 25% en Allemagne et de 19% en Italie. Pour François Bayrou, "lancer la reconquête de l'appareil productif français sera le défi majeur de la décennie qui vient".