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Train: après la SNCF, au tour de la Renfe d'attaquer le marché italien

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La compagnie ferroviaire espagnole poursuit sa conquête de l'Europe en entrant au capital de Longitude, la holding qui contrôle l'opérateur transalpin régional Arenaways.

La concurrence dans le rail européen accélère encore. Selon le quotidien économique espagnol Expansion, la Renfe, la compagnie ferroviaire nationale espagnole va attaquer le juteux marché italien, à l'image de la SNCF. L'opérateur ne circulera pas (pour le moment) sous sa bannière. Il est en passe d'entrer dans le capital de Longitude, la holding de la famille Arena qui contrôle la marque de trains régionaux Arenaways. Il viendra ainsi concurrencer Trenitalia (la compagnie nationale) et Italo, une filiale du géant des croisières MSC.

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Cette prise de participation sera réalisée à travers Renfe International, la nouvelle filiale de l'entreprise espagnole dédiée aux développements internationaux de l'entreprise. "Des sources du groupe public espagnol confirment la transaction, qui doit être finalisée par la signature du pacte d'actionnaires", écrivent nos confrères.

Deux lignes régionales pour le moment

Si cette opération se concrétise, Renfe pourra exploiter entre 2025 et 2026, les deux liaisons qu'Arenaways exploite dans la région Piémont, qui relient les villes de Ceva-Ormea et Savigliano-Saluzzo-Cuneo. Deux lignes qui étaient exploitées par Trenitalia jusqu'en 2012. Mais cela ne pourrait être qu'un début puisqu'Arenaways vient d'obtenir les certifications européennes de sécurité ferroviaire pour opérer jusqu'en 2029 sur l'ensemble du territoire italien.

Rappelons que de son côté, la SNCF a annoncé son intention d'attaquer ce marché en 2026 avec à terme 13 allers-retours sur deux lignes : Turin-Milan-Rome-Naples et Turin-Venise avec ses nouveaux TGV M. "C'est un marché très intéressant avec une infrastructure récente, 56 millions de passagers par an sur la grande vitesse", expliquait à BFM Business, Alain Krakovitch, directeur de TGV et Intercités à la SNCF.

"Il y a un important potentiel de progression. On vise notamment l'induction, c'est-à-dire attirer des gens qui ne prennent pas le train pour se déplacer. Selon nos études, 80% d'entre eux sont appétents au train. L’ambition est d’atteindre, en 10 ans, une part de marché de 15%", poursuit-il.

Un constat confirmé par Julien Joly, expert transports pour le cabinet Wavestone : "c'est un marché dynamique, accessible et avec du potentiel à aller chercher".

L'Italie fait saliver les acteurs du rail

Surtout, le marché italien du rail est très accessible, avec des péages "30 parfois 40% moins chers qu'en France", précise Alain Krakovitch. De quoi contenir les pertes (incontournables) et atteindre la rentabilité plus rapidement. La Renfe est également présente en France depuis juillet 2023 avec des liaisons directes à grande vitesse entre Barcelone et Lyon puis Madrid et Marseille. Elle souhaite lancer des liaisons vers Paris mais dit être freinée par les autorités et la SNCF, ce que le groupe dément.

Et SNCF Voyageurs est présent de son côté en Espagne avec son offre low cost Ouigo et s'est arrogée pas moins de 20% du marché en quelques années. Au grand dam de la Renfe. Trenitalia n'est pas en reste puisque l'opérateur italien est le premier concurrent de la SNCF en France avec sa liaison Paris-Lyon en TGV et va lancer Paris-Marseille dans le courant de l'année prochaine. Bref, la concurrence avance mais elle pour le moment le fait d'acteurs historiques. Pour les nouveaux entrants, il faudra encore attendre un peu.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business