800 mètres de voies remplacés par jour: avec un train-usine et 400 ouvriers, la SNCF rénove la ligne maudite Paris-Orléans-Toulouse qui date de 1843

Il s'agit de renouvellement complet de 70 kilomètres de voies entre Boisseaux et Les Aubrais dans le Loiret. La fin des travaux est attendue pour le début 2026. En attendant, la circulation des trains reste interrompue en journée.

C'est l'une des deux lignes Intercités qui connait le plus de problèmes de fiabilité en France: la liaison Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (ou POLT) subit depuis des années des dysfonctionnements et des retards qui empoisonnent le quotidien de ses utilisateurs.

Cette ligne (tout comme Paris-Clermont Ferrand) doit bénéficier des nouveaux trains Oxygène qui arriveront en 2027 et qui remplaceront les rames Corail antédiluviennes. Mais sans infrastructure solide, ces trains flambant neufs risquent également de connaître des problèmes et des retards.

Longue de 544 kilomètres, il faut rappeler que la ligne POLT est l'une des premières grandes lignes françaises, elle a été inaugurée en 1843 (d'abord jusqu'à Orléans).

"Un chantier hors-normes"

L'Etat, qui finance et couvre les pertes des trains Intercités, a décidé en 2018 de mettre la main à la poche avec une enveloppe pour l'achat des trains et une autre pour financer en partie la régénération des voies (l'essentiel étant couvert par SNCF Réseau dont une grande partie du budget est issu des bénéfices de SNCF Voyageurs).

Pour la ligne POLT, les travaux entrent enfin dans le vif du sujet après plusieurs reports. L'opération menée par SNCF Réseau consiste à rénover entièrement 70 kilomètres de voies (rails, ballast et traverses) entre Boisseaux et Les Aubrais (Loiret), au moyen d'un train-usine qui mobilise 400 personnes de jour sur la ligne, et de nuit, sur la base travaux située aux Aubrais.

"Les travaux d'aujourd'hui sont vos trains à l'heure de demain", souligne l'entité de la SNCF.

Les éléments remplacés par SNCF Réseau sur la ligne Paris-Orléans-Toulouse © SNCF Réseau

Ce chantier à 135 millions d'euros (dont 16 millions versés par l'Etat), le plus important de l'année pour SNCF Réseau, n'est pas sans conséquences pour les usagers puisqu'il se déroule de jour, entraînant l'interruption de la circulation des trains entre 9h30 à 17h30, en semaine, jusqu'à fin janvier 2026.

Si les grands chantiers de renouvellement de voie sur le reste de la ligne sont réalisés de nuit, la section concernée fait exception, située sur le corridor fret Atlantique, un axe européen majeur de transport de marchandises, a précisé SNCF Réseau.

"60% des trains de fret régionaux et internationaux circulent de nuit sur cette ligne et doivent respecter des horaires de passage imposés aux frontières", selon la SNCF. "C'est un chantier hors-normes et nous sommes conscients des impacts de ces travaux sur la vie quotidienne des voyageurs", a déclaré Olivier Bancel, directeur général exécutif projets, maintenance et exploitation SNCF Réseau.

Un plan de transport incluant le renforcement de la fréquence des trains aux heures de circulation a bien été présenté par la région et SNCF Voyageurs, mais sans totalement parvenir à répondre aux inquiétudes des associations d'habitués de la ligne.

Désormais, le train-usine et ses 400 ouvriers et techniciens est entré en vitesse de croisière avec 800 mètres de voies remplacés par jour et "mobilise des moyens exceptionnels", selon SNCF Réseau.

800 mètres de voies remplacés par jour

"On mène quatre chantiers différents en même temps", du retrait des anciens rails à la pose des nouveaux, et de tous ces autres "matériels de base", décrit à l'AFP le directeur régional de SNCF Réseau en Centre-Val de Loire, Laurent Quelet.

Le train-usine dit "Suite Rapide" permet des rendements élevés (près de 10 fois supérieurs aux moyens traditionnels) ce qui permet une diminution de plusieurs mois de la durée globale du chantier. 

Le fonctionnement du train-usine de SNCF Réseau © SNCF Réseau

Au total, 110.000 tonnes de ballast et 112.000 traverses doivent être remplacés, "des constituants qui ont besoin d'être renouvelés au bout d'un certain nombre d'années, pour garantir la pérennité et la performance de la ligne", affirme Sébastien Roger, qui s'occupe de la maîtrise d'ouvrage à SNCF Réseau.

Le "calendrier est tenu" et assure avoir déjà remplacé 16 kilomètres depuis le début de la phase principale des travaux début août. La fin du cauchemar pour les utilisateurs s'approche donc et en 2027, ils bénéficieront d'une ligne stable et de trains neufs.

Olivier Chicheportiche avec AFP