Paris-Clermont: le ministre des Transports annonce quelques mesures pour la ligne de train maudite

Le nouveau train Oxygène pour les lignes Intercités Paris-Clermont et Paris-Toulouse - Olivier Chicheportiche
C'est une visite qui devient habituelle. Un sixième ministre des Transports s'est déplacé en Auvergne ce vendredi pour rencontrer les utilisateurs de la ligne SNCF Intercités Paris-Clermont-Ferrand particulièrement sinistrée avec des incidents chroniques depuis des années et très pénalisants pour les deux millions de clients annuels.
Après avoir mis en place le Comité de suivi des dessertes ferroviaires de la ligne de train d’équilibre du territoire Paris-Clermont Ferrand (CSDF), Philippe Tabarot est venu faire un bilan des mesures mises en place et annoncer de nouvelles initiatives.
La première mesure d'urgence qui a été décidée l'an passé avait été d'installer une locomotive de secours pour dépanner des trains, souvent victimes de locomotives anciennes et défaillantes. Une mesure utile mais insuffisante compte tenu du nombre de pannes observées.
Plus de locomotives de secours
Philippe Tabarot a annoncé avoir missionné un groupe d’experts indépendants pour la recherche de locomotives supplémentaires qui seront louées, confirmant à demi-mot les difficultés pour mettre la main sur ce type de matériel.
Il souhaite en outre la mise en place d’un plan d’actions d’amélioration pour la prise en charge des voyageurs en cas d’incident. Des propositions concrètes sont attendues pour le troisième trimestre.
Il a également demandé à SNCF Réseau de finaliser les travaux d'installation de clôtures pour réduire les incidents de collision avec la faune, source de nombreux incidents.
Enfin, les abonnés de la ligne bénéficieront d'un dédommagement de 10% de leur forfait. Et en cas de retard de plus de trois heures, une indemnisation à hauteur de 200% sera généralisée.
"Je souhaite qu'on puisse faire des gestes au niveau de la tarification, c'est bien la moindre des choses par rapport à une qualité de service qui n'est pas à la hauteur", a dit le ministre.
Ces annonces n'ont pas vraiment convaincu les clients réunis en association et les syndicats.
"Ils sont venus expliquer des mesures qui pour nous resteront insuffisantes tant qu’on ne prendra pas de vraies mesures sur le plan humain et financier. On pense qu’il n’y aura pas grand-chose qui sera mis sur la table. On sait qu’il faudrait une augmentation de la maintenance, avec une équipe de maintenance à Clermont-Ferrand, ce que refuse la SNCF", indique à France 3 Auvergne Rhône-Alpes, Alexandre Miklas, délégué syndical CGT Auvergne Nivernais.
Rappelons également qu'un milliard d'euros d'investissements ont été annoncés par SNCF Réseau et l’État pour des travaux d’infrastructure nécessaires pour régénérer les voies.
Pas de nouveaux trains avant 2027
Surtout, l'État a passé en 2019 commande de nouvelles rames "Oxygène" à l'espagnol CAF (700 millions d'euros) qui remplaceront les Corail antédiluviens et leurs locomotives en fin de vie.
Mais les livraisons prévues en 2024 puis en 2026 ne seront pas honorées avant 2027. D'ici là, "on restera très dépendant d'un matériel (...) très vieillissant, qui tombe en panne assez régulièrement", reconnaît Philippe Tabarot.
Enfin, la ligne pourrait à terme être opérée par un autre acteur que SNCF Voyageurs. Dans le cadre de l'ouverture à la concurrence des lignes d'équilibre du territoire (TET), les lots Paris-Clermont Ferrand et Paris-Limoges-Toulouse sont mis en jeu.
"Le début de la nouvelle exploitation est prévue pour décembre 2029 et pour une durée de 10 ans. Des propositions de la part des candidats améliorant l'offre de transport et la qualité de service seront valorisées dans la notation des offres" indique le ministère des Transports.
Ces lignes d'équilibre du territoire sont entièrement financées par l'État en tant qu'autorité organisatrice, État qui éponge également leurs déficits et qui paye aujourd'hui le prix de ses sous investissements historiques dans le réseau ferré secondaire (hors TGV).
Des élus, chefs d'entreprise, sportifs, usagers doivent emprunter mardi les lignes Cahors-Paris et Clermont-Paris pour remettre un livre blanc au ministère et sensibiliser sur les problèmes de ces lignes.