SNCF: la ligne Intercités maudite Paris-Clermont sera la prochaine à être ouverte à la concurrence

Le processus qui concerne également la ligne Paris-Limoges-Toulouse est lancé par l'État. Le nouvel opérateur débutera ses opérations fin 2029.

L'ouverture à la concurrence du marché ferroviaire se poursuit. Alors que SNCF Voyageurs vient de remporter l'appel d'offres pour les lignes Intercités Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, l'État met un nouveau lot en jeu: Paris-Clermont Ferrand et Paris-Limoges-Toulouse.

Rappelons que ces lignes d'équilibre du territoire (TET) sont entièrement financées par l'État en tant qu'autorité organisatrice, État qui éponge également leurs déficits.

Pour ces Intercités, la mise en concurrence se fait par appels d’offres et par lots, ce qui implique des obligations pour le candidat (dessertes, fréquences, matériel) imposées par l'État.

"Aujourd'hui a été mis en ligne l'avis de pré-information concernant le processus de mise en concurrence du Lot B des TET, constitué par les deux lignes structurantes TET Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Limoges-Toulouse", indique Pierre-Christophe Soncarrieu, adjoint au responsable de l'autorité organisatrice des TET au Ministère des Transports.

"Le début de la nouvelle exploitation est prévue pour décembre 2029 et pour une durée de 10 ans", poursuit-il. "Des propositions de la part des candidats améliorant l'offre de transport et la qualité de service seront valorisées dans la notation des offres".

Le nouvel entrant bénéficiera des nouveaux trains commandés

Il faut dire que la ligne Paris-Clermont est particulièrement sinistrée avec des incidents chroniques depuis des années et très pénalisants pour les deux millions d'utilisateurs annuels de cette ligne.

Une situation qui pourrait faire fuir d'éventuels candidats autres que SNCF Voyageurs qui a d'ores et déjà annoncé qu'il participera à l'appel d'offres. On ne connaît pas encore les éventuels autres candidats. La compagnie Le Train nous indique qu'elle "répondra aux appels d’offre pour devenir concessionnaire de lots où elle apportera une amélioration du niveau de service, une amélioration des conditions tarifaires pour les passagers et une meilleure performance économique, en baissant le niveau de contribution publique".

Malgré tout, un nouvel entrant ou SNCF Voyageurs bénéficiera des investissements validés pour améliorer la qualité de service qui est la conséquence flagrante du sous-investissement chronique et historique de l'État dans le réseau ferroviaire hors TGV.

Trois milliards d'euros doivent être investis par SNCF Réseau et l’État pour les travaux d’infrastructure nécessaires pour régénérer le réseau secondaire, dont un milliard sur la ligne Paris-Clermont.

L'intérieur des nouvelles rames Intercités "Oxygène" © SNCF Voyageurs

Un cadre critiqué

Surtout, l'État a passé en 2019 commande de nouvelles rames "Oxygène" à l'espagnol CAF (700 millions d'euros) qui remplaceront des Corail antédiluviens et leurs locomotives en fin de vie qui tombent trop souvent en panne. Mais les livraisons prévues en 2024 puis en 2026 ne seront pas honorées avant 2027. Tardivement mais avant que le nouvel opérateur entre en jeu.

Pour autant, la concurrence s'agace quelque peu du cadre de cette ouverture du marché.

La compagnie Le Train, candidate malheureuse à l'appel d'offres pour Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, pointe "l’asymétrie pouvant exister entre candidats (accès à des données fiables, exhaustives, récentes, utilisables, accès aux infrastructures de maintenance existantes par exemple), et la difficulté qui a été celle de l’État d’extraire cette concession du système actuel dans un format permettant une organisation acceptable de l’exploitation, notamment en termes d’organisation de la maintenance".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business