"Une catastrophe": nouvelle nuit d'enfer pour les passagers du Clermont-Paris avec 12 heures de retard

Pas de répit pour les usagers de la ligne Intercités sinistrée entre Paris et Clermont-Ferrand. Il n'aura pas fallu attendre deux jours en 2025 pour qu'ils subissent un nouvel incident de taille.
La locomotive de leur train 5978 au départ de la cité auvergnate ce jeudi après-midi est tombé en panne de frein en gare de Briare (Loiret), un "incident extrêmement rare", selon un porte-parole de SNCF Intercités cité par l'AFP.
Ces problèmes de locomotive sont récurrents sur cette ligne, et en attendant l'arrivée des nouvelles rames Oxygène (qui ne seront pas livrées avant 2027), la SNCF a choisi de positionner une locomotive de secours à Nevers afin qu'elle puisse rejoindre plus rapidement une rame en panne sur la ligne.
Manque de chance, cette locomotive n'a pas réussi à faire repartir le train. Les 430 passagers ont donc dû attendre de longues heures avant que des bus viennent à leur rescousse tandis qu'une centaine de clients d'un TER se sont retrouvés également bloqués derrière l'Intercités en panne.
Seule solution: faire venir des bus
L'électricité et le chauffage ont toutefois fonctionné, précise la SNCF, qui promet d'indemniser les billets à hauteur de 200%.
Les bus sont finalement arrivés entre 02H00 et 03H00 dans la nuit de jeudi à vendredi pour transporter les passagers jusqu'à Paris où ils sont arrivés à 8h, avec 12 heures de retard donc.
"Le personnel semblait débordé par la situation. Heureusement, des bénévoles du Secours populaire nous ont offert une barre de céréales, une petite bouteille d'eau et une couverture de survie!" a témoigné une passagère à La Montagne.
"C’était une catastrophe", poursuit-elle, se désolant d'avoir dû attendre "toute la nuit sans information".
Sur X, les clients de la compagnie ferroviaire ont une nouvelle fois fait part de leur exaspération. "Il y a des personnes âgées, des enfants, des handicapés à bord et 7 heures c'est le temps qu'il vous a fallu pour décider d'appeler des bus ?? Vous êtes la honte du pays", dit l'un d'eux.
"Si l'on doit en arriver là à chaque nouvelle panne, c'est dramatique", a déclaré à l'AFP Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des Usagers du Train Clermont-Paris.
"On est au pied du mur. Nous avions remarqué une dégradation avant les fêtes, avec d'importants retards", poursuit-elle, évoquant par ailleurs une "inertie" due à l'instabilité gouvernementale: "la ligne Clermont-Paris n'est pas la priorité", déplore-t-elle.
L'an passé, après une énième panne qui a bloqué 700 voyageurs toute une nuit dans un train par grand froid, le gouvernement et même l'Élysée avaient dénoncé une situation insupportable et avaient exigé que des "garanties soient apportées pour que cela ne se reproduise plus."
Des investissements qui tardent à se concrétiser
Mais la SNCF n'est pas la seule décisionnaire en la matière. Car, c'est l'État qui est le responsable de cette ligne en tant qu'autorité organisatrice dans le cadre des trains d'équilibre du territoire (TET).
C'est l'État qui est le donneur d'ordre, qui supporte le coût (et les déficits) de ces lignes et qui décide des investissements à allouer ou encore du choix du matériel à exploiter.
Ces dysfonctionnements de plus en plus nombreux sont donc la conséquence flagrante du sous-investissement chronique et historique de l'État et de la SNCF dans son réseau ferroviaire secondaire (non-TGV).
Des mesures ont néanmoins été prises, mais elles prendront du temps à être visibles.
Trois milliards d'euros doivent être investis par SNCF Réseau et l’État pour les travaux d’infrastructure nécessaires pour régénérer le réseau secondaire, dont un milliard sur la ligne Paris-Clermont.

Surtout, l'État a passé en 2019 commande de nouvelles rames "Oxygène" à l'espagnol CAF (700 millions d'euros) qui remplaceront des Corail antédiluviens et leurs locomotives en fin de vie. Mais les livraisons prévues en 2024 puis en 2026 ne seront pas honorées avant 2027.
Le constructeur met en avant le covid puis des pénuries de matière première, d'aluminium, d'acier, mais aussi de composants électroniques pour justifier ces retards.
Aujourd'hui, le constructeur assure que ces problèmes sont réglés, mais les 2 millions d'utilisateurs annuels de cette ligne (qui connaît d'ailleurs un trafic en hausse, notamment avec l'essor du télétravail) devront encore patienter, et certainement subir de nouvelles pannes.