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"C'est une fierté, il fait rêver tout le monde": comment la SNCF prépare l'arrivée de ces trains espagnols sur la ligne Paris-Clermont qui fait enrager ses usagers

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Les deux premiers exemplaires de ce train fabriqué par l'espagnol CAF sont arrivés au centre de maintenance de Villeneuve-Saint-Georges près de Paris. Les équipes commencent à s'habituer à ce nouveau matériel qui offrira beaucoup d'améliorations aux voyageurs. Reportage.

Ils sont attendus de pied ferme par les 2 millions de passagers annuels de la ligne Paris-Clermont Ferrand, une des lignes connaissant le plus de pannes du réseau ferré français. Les nouveaux trains Oxygène, fabriquées par l'espagnol CAF, seront sur les rails en 2027.

Une éternité pour les usagers, usés par des pannes à répétition sur le matériel roulant vieux de 40 ans, d'anciennes voitures Corail tractées par des locomotives hors d'âge. Il faut dire que ces rames arriveront avec trois ans de retard.

Rappelons que c'est l'Etat qui a commandé et financé intégralement 28 nouvelles rames pour 700 millions d'euros (+100 millions pour de nouveaux centres de maintenance), en tant qu'autorité organisatrice des lignes Intercités. Une vingtaine d'autres seront dédiés à la ligne Paris-Toulouse.

Beaucoup de soin sur les aménagements intérieurs

Pour autant, les choses avancent. Les deux premiers exemplaires de ce train sont arrivés au centre de maintenance (Technicentre) de Villeneuve-Saint-Georges près de Paris, qui a lui même profité d'un investissement de modernisation de 20 millions d'euros. Les équipes commencent à s'habituer à ce nouveau matériel qui offrira beaucoup d'améliorations aux voyageurs.

Le centre de maintenance SNCF de Villeneuve près de Paris
Le centre de maintenance SNCF de Villeneuve près de Paris © Olivier Chicheportiche
"C'est une grande fierté pour les équipes. Il fait rêver tout le monde. Ce train est magnifique et il apporte beaucoup en confort", se félicite Olivier Devaux, le directeur adjoint du site.

C'est en effet le jour et la nuit. Son design extérieur, profilé, est réussi, son nez a été renforcé pour mieux résister aux chocs (le gibier est source d'accidents) mais ce sont surtout les aménagements intérieurs qui séduisent.

On trouve des sièges confortables (pour les avoir essayés) tous dotés de prises électriques et de ports USB, un centre de gravité plus bas, moins de vibrations, de grandes fenêtres dotées de stores horizontaux coulissant divisés en deux parties (une bonne idée pour permettre à chacun de décider s'il souhaite de l'ombre ou pas), un accès autonome pour les personnes à mobilité réduite, un espace logistique permettant une restauration à bord, 10 espaces pour les vélos avec prises électriques.

Siège de Première classe dans le train Oxygène
Siège de Première classe dans le train Oxygène © Olivier Chicheportiche
Une voiture de deuxième classe du nouveau train "Oxygène", destiné à remplacer les Intercités Corail, présenté le 24 avril 2025 à Villeneuve Saint-Georges, près de Paris
Une voiture de deuxième classe du nouveau train "Oxygène", destiné à remplacer les Intercités Corail, présenté le 24 avril 2025 à Villeneuve Saint-Georges, près de Paris © STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Des places vélo dans le nouveau train "Oxygène", destiné à remplacer les Intercités Corail, présenté le 24 avril 2025 à Villeneuve Saint-Georges, près de Paris
Des places vélo dans le nouveau train "Oxygène", destiné à remplacer les Intercités Corail, présenté le 24 avril 2025 à Villeneuve Saint-Georges, près de Paris © STEPHANE DE SAKUTIN © 2019 AFP
Fenêtre du train Oxygène avec store horizontal coulissant divisé en deux parties
Fenêtre du train Oxygène avec store horizontal coulissant divisé en deux parties © Olivier Chicheportiche

Ces rames pourront embarquer 420 passagers contre 396 auparavant à une vitesse maximale de 200km/h.

Les équipes de la SNCF commencent à prendre en main ce matériel, unique car développé spécialement pour SNCF Voyageurs. Plutôt habitués aux rames fabriquées par Alstom, les techniciens doivent également appréhender les subtilités de ce matériel espagnol.

"Cela reste du standard mais on a tout à découvrir car on sort de l'univers du tracté (une locomotive qui tire des voitures, NDLR). Tout est numérique, ce qui nous permet de mieux prévenir les incidents grâce à des capteurs qui nous envoient des signaux faibles avant la survenue d'une panne", explique le responsable.

"Pour nous, c'est l'aventure"

"On travaille également à l'adaptation de notre outillage à la maintenance de ces trains, c'est passionnant de partir de zéro avec un nouveau constructeur, il y a du travail à faire avec nos collègues de CAF, pour nous, c'est l'aventure", poursuit Olivier Devaux. D'ailleurs, des techniciens de l'industriel basque sont désormais sur place en permanence pour épauler les équipes de la SNCF.
Dans le centre de maintenance dédié aux trains Oxygène
Dans le centre de maintenance dédié aux trains Oxygène © Olivier Chicheportiche
Dans le centre de maintenance dédié aux trains Oxygène
Dans le centre de maintenance dédié aux trains Oxygène © Olivier Chicheportiche

"On apprend au fur et à mesure, on teste et on s'adapte, on bâtit des modèles sur le retour d'expérience, on fait remonter des problématiques et CAF doit nous proposer une solution technique et fournit des pièces et des outils spécifiques", souligne Olivier Devaux.

L'objectif de tout ce travail préparatif est de standardiser au maximum la future maintenance des rames, de constituer des stocks de pièces pour les immobiliser le moins de temps possible, notamment en adaptant les outils existants, en mobilisant les fournisseurs, en contractualisant les services.

A terme, deux à trois équipes de 15 personnes travailleront sur le site qui sera dédié uniquement à la maintenance lourde (mécanique, moteur) et légère (confort) des trains Oxygène.

L'arrivée des trains Oxygène permettra-t-elle de calmer la colère des utilisateurs? Certainement, si l'infrastructure suit. Car on a beau avoir de beaux trains, si les voies ou les caténaires sont à bout de souffle, des pannes peuvent survenir. Si la SNCF est à la recherche d'un milliard d'euros par an pour son réseau, une enveloppe d'un milliard d'euros a été validée en 2022 pour mener des travaux de remise à niveau.

Selon nos informations, ces travaux sont sur le point d'être achevés par SNCF Réseau. L'horizon semble donc se dégager pour les clients de cette ligne maudite qui devront malheureusement encore attendre deux ans pour véritablement espérer souffler...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business