TGV: la Renfe va lancer une liaison entre Toulouse et Barcelone l'an prochain

Dans le cadre de la libéralisation du rail européen, la Renfe a lancé en juillet 2023 des liaisons directes à grande vitesse entre Barcelone et Lyon, puis Madrid et Marseille. L'opérateur espagnol est ainsi devenu le deuxième opérateur étranger à concurrencer la SNCF, après Trenitalia depuis 2021.
La compagnie annonce désormais son intention de lancer une liaison entre Toulouse et Barcelone l'an prochain.
"Avec l'incorporation de Toulouse et de Carcassonne, onze villes françaises disposeront désormais de services AVE (le nom du train grande vitesse de la Renfe, NDLR) avec des connexions directes vers l'Espagne", peut-on lire dans un communiqué.
Dans un premier temps, l'offre sera saisonnière, de début avril jusqu’à la mi-septembre, en attendant une possible généralisation "à une date ultérieure" si la demande est là.
Et elle pourrait répondre présente puisqu'avec la SNCF, cette liaison de 330 kilomètres n'est pas directe (correspondance à Narbonne) et dure entre 4h et 4h30 contre 3h30 pour la Renfe.
Ambitions freinées
"Ça fait longtemps qu'on le réclame, réagit par exemple sur France Info Olivier Benielli, directeur du campus barcelonais de la Toulouse Business School. Il existait un train direct qui a été supprimé à l'initiative de la SNCF de manière assez compréhensible. Donc c'est une excellente nouvelle qu'il y ait de nouveau à l'initiative de l'Espagne un train France-Espagne de ce type-là."
Reste que le groupe espagnol a d'autres ambitions pour la France. L'objectif affiché était alors de pouvoir faire circuler des trains entre l'Espagne et Paris à l'été 2024, pour les Jeux olympiques.
La Renfe, qui a acheté pour cela une trentaine de TGV au constructeur espagnol Talgo, a depuis revu cet objectif, évoquant une arrivée en décembre.
Le gouvernement espagnol a d'ailleurs accusé les autorités françaises de freiner l'arrivée à Paris des trains de son opérateur national, dénonçant une nouvelle fois un manque de "réciprocité" de Paris en matière de libéralisation du marché ferroviaire.
"Pas étonnant"
"Il est clair pour tout le monde que la France met tout en oeuvre pour empêcher un véritable processus de libéralisation sur son marché. Cela signifie que nous jouons selon des règles différentes", dénonce le ministre espagnol des Transports Oscar Puente dans un entretien accordé au quotidien El Pais.
Ces critiques ont été rejetées par la France, qui a évoqué des problèmes d'homologation de matériel roulant et de signalisation non conformes pour justifier ces lenteurs.
Alain Krakovitch, directeur des TGV/Intercités à la SNCF, rejette depuis plusieurs mois la responsabilité des difficultés de son concurrent sur Talgo, le constructeur de sa nouvelle flotte de trains à grande vitesse, dont cinq à destination de la France.
"Renfe et Talgo ont choisi de travailler avec une équipe de techniciens de sécurité autres que celle avec laquelle la SNCF avait l'habitude de travailler. Pas étonnant que ça prenne plus de temps pour approuver les nouveaux trains. Nous travaillons avec les équipes Talgo et Renfe pour résoudre ces problèmes et homologuer les trains", dit-il selon des propos repris par El Economista.
"Il m’est difficile de comprendre les accusations dont nous faisons l’objet alors que tout est très réglementé, contractualisé et transparent", poursuit-il.
Rappelons également que les TGV neufs achetés à Talgo, censés circuler en France, connaissent des problèmes en Espagne, provoquant la colère du gouvernement contre le constructeur.