Retraites: après une mobilisation en baisse mardi, comment les opposants espèrent rebondir ce samedi

Dans la manifestation organisée à Marseille, le 7 février 2023 - CHRISTOPHE SIMON © 2019 AFP
Continuer à faire monter la pression contre l'exécutif qui ne recule pas. Les syndicats, la Nupes et les organisations syndicales cherchent à mobiliser largement ce samedi contre la réforme des retraites. Il y a urgence après une journée de grève moins suivie mardi dernier.
Malgré des chiffres en baisse - 757.000 personnes ont manifesté mardi dans toute la France soit 500.000 manifestants en moins que la semaine précédente - les syndicats croient dur comme fer à une mobilisation d'ampleur. Avec un argument: l'organisation de défilés un week-end, une rareté dans le front syndical.
· Faire venir d'autres profils
"On considère que la manifestation doit aller de pair avec des arrêts de travail. Mais on entend le besoin de permettre à d'autres profils de se mobiliser", décrypte Fabrice Angei, secrétaire confédéral de la CGT auprès de BFMTV.com.
Dans un contexte de très forte inflation, la possibilité de manifester sans perdre un jour de salaire pourrait jouer dans la balance, espère le camp des opposants à la réforme.
Avec plus de 72% des Français qui se disent opposés au recul de l'âge de départ à 64 ans et qui souhaitent que la mobilisation continue d'après un sondage Elabe pour BFMTV, la marge de progression semble très importante.
"On a vu des gens très motivés pour manifester qui nous ont dit que 3 jours sans salaire sur à peine 2 semaines, c'était beaucoup trop", explique ainsi la députée insoumise Alma Dufour auprès de BFMTV.
· Motiver des familles à manifester
Le calendrier n'est pourtant pas évident en pleine journée de départ en vacances pour la zone B qui recouvre notamment Lille ou Marseille, deux des villes les plus mobilisées contre le recul de l'âge de départ à 64 ans.
"Il ne faut pas qu'il y ait forcément plus de personnes mais d'autres catégories de manifestants, ceux qu'on n'a pas encore vus dans la rue", abonde de son côté le socialiste Arthur Delaporte tout en pointant "l'agenda d'une réforme programmée en plein pendant les congés".
Autre pari lancé par le monde politique: celui de mettre dans la rue des familles pour massifier le mouvement. Le relatif bon déroulé des précédents jours de mobilisation, sans grands heurts, pourrait jouer dans la balance. Le gouvernement n'a d'ailleurs eu de cesse ces derniers jours de saluer le climat de sécurité des mobilisations.
"Je vais manifester avec mes enfants et ce n'est pas arrivé depuis 2016. On sent bien qu'on retrouve une ambiance festive, familiale et c'est une bonne nouvelle. Une personne mobilisée peut faire venir son compagnon, ses enfants, ses parents. C'est un énorme levier", avance ainsi la députée insoumise Aurélie Trouvé.
· Convaincre les étudiants
Les opposants à la réforme misent aussi sur la mobilisation des étudiants qui, jusqu'ici, sont peu descendus dans la rue. La journée du 21 janvier organisée à l'initiative de LFI et des organisations de jeunesse n'avait ainsi rassemblé que 150.000 manifestants d'après les organisateurs et 12.000 selon la police.
Si La France insoumise avait à l'époque mis à disposition des participants des bus affrétés dans toute la France pour leur permettre de venir à Paris manifester, ce n'est plus au menu pour permettre le déploiement de manifestations sur tout le territoire.
Pour réussir à fédérer les plus jeunes, la FAGE, l'une des principales associations étudiantes, mise sur l'intensification des tractages sur les campus universitaires et la multiplication des conférences pour détailler la réforme. À l'UNEF, on ne cache cependant pas son scepticisme.
"On arrive à mobiliser quand on fait des départs groupés depuis les facs. Comme la manifestation a lieu un samedi, on ne pourra pas le faire cette fois-ci", fait remarquer Adrien Liénard, le trésorier de ce syndicat étudiant.
· Tenir dans la durée
Si ce samedi ne verra peut-être pas la mobilisation des grands jours, beaucoup à gauche gardent en tête que c'est le sixième jour de grève contre les régimes spéciaux qui avait fait plier Alain Juppé, le Premier ministre en 1995. Autant dire que le front syndical vise principalement à ancrer la contestation dans la durée.
"Samedi ne sera pas vraiment une quatrième journée mais une troisième journée bis. Ce qui compte, c'est qu'on continue de montrer au gouvernement que plus les Français comprennent la réforme, plus ils y sont opposés. C'est ça qui nous permettra de gagner à la fin", veut croire Fabrice Angei de la CGT.
Plus de 4 Français sur 10 souhaitent même que le mouvement se durcisse, sous la forme d'une mobilisation plus importante, de blocages ou encore de grèves reconductibles d'après l'institut Elabe.