"Le terrorisme, c'est pas moi": les accusés s'expriment pour la première fois au procès de l'attentat de Nice

Croquis d'audience des accusés (g-d) Enkeledja Zace, Artan Henaj, Maksim Celaj, Chokri Chafroud, Endri Elezi, Ramzi Arefa et Mohamed Ghraieb à la Cour d'assises spéciale, au premier jour du procès de l'attentat de Nice, le 5 septembre 2022 à Paris - Benoit PEYRUCQ © 2019 AFP
"Le terrorisme, la violence, c'est pas moi, jamais de la vie", s'est défendu mardi Mohamed Ghraieb, l'un des principaux accusés du procès de l'attentat de Nice, au deuxième jour d'audience devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Invités à s'exprimer pour la première fois sur les faits, les sept accusés présents ont tous tenu à se démarquer de l'attaque meurtrière de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel qui, au volant d'un camion-bélier, avait fait 86 morts et plus de 450 blessés sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016.
"Je n'ai rien à voir avec ce qui s'est passé", dit ainsi Mohamed Ghraieb, qui comparaît libre sous contrôle judiciaire. Il est l'un des trois accusés jugés pour association de malfaiteurs terroriste (AMT) et encourt 20 ans de réclusion criminelle.
"C'est pas un homme qui a fait ça, c'est une ordure"
L'accusation lui reproche notamment une "grande proximité" avec Mohamed Lahouaiej-Bouhlel et le fait d'avoir circulé avec lui le 11 juillet dans le camion qui allait servir à l'attentat.
"C'est pas un homme qui a fait ça, c'est une ordure", s'emporte ce Franco-Tunisien de 46 ans, se disant convaincu que l'auteur de l'attentat, qui avait plusieurs griefs contre lui, l'a "piégé" par jalousie, notamment en lui adressant des messages compromettants.
"Pour moi, en tant que Niçois c'est vraiment pas facile qu'on puisse penser que je suis impliqué dans des faits aussi graves", fait valoir de son côté Ramzi Arefa, 27 ans, courte barbe et blouson noir.
En détention provisoire depuis 2016, c'est le seul accusé qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité, étant en situation de récidive légale. Également poursuivi pour association de malfaiteurs terroristes, il reconnaît avoir "été l'intermédiaire pour la vente d'un pistolet". Mais "j'ai jamais voulu m'associer avec lui sur aucun projet", proteste-t-il.
"Je ne l'ai pas aidé, pas du tout", affirme aussi - via un interprète - Chokri Chafroud, Tunisien de 43 ans, à côté de Ramzi Arefa dans le box.
S'il admet avoir été proche de Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, il assure n'avoir pas su "ce qu'il avait dans sa tête".
Un accusé "jugé par défaut"
L'un des quatre accusés renvoyés pour trafic d'armes, Endri Elezi, un Albanais de 30 ans, fond en larmes à la barre, en évoquant de façon confuse sa situation. "Je ne connaissais personne (en France) à part mon cousin. J'ai transporté quelque chose que j'aurais pas dû".
Son cousin Adriatik Elezi, également mis en cause dans cette affaire, s'est suicidé en prison en 2018.
Un huitième accusé, Brahim Tritrou, détenu en Tunisie, est "jugé par défaut". Les accusés ne seront plus invités à s'exprimer jusqu'à début novembre.
"Le temps nécessaire pour examiner leur personnalité"
Conscient que la première partie du procès "les laisse un peu de côté", le président de la cour d'assises spéciale Laurent Raviot a assuré que la cour prendrait "le temps nécessaire pour examiner leur personnalité, les charges retenues contre eux et leurs éléments de défense".
L'assaillant, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, un Tunisien de 31 ans tué par la police le soir de l'attentat, est le grand absent du procès. Ce chauffeur-livreur - psychologiquement instable et connu pour des actes de violence, notamment contre son épouse - "s'était inscrit dans une démarche idéologique d'inspiration jihadiste plusieurs mois avant" l'attentat, selon l'accusation.