"On veut juste défendre notre métier": les agriculteurs mobilisés dans les Alpes du Sud

Les agriculteurs se sont mobilisés dans les Alpes du Sud ce lundi 19 novembre. Ils ont allumé un feu à Digne-les-Bains et Gap. - BFM DICI
Un feu s'embrase sur le rond-point du 11 novembre à Digne-les-Bains, ce lundi 18 novembre. Un autre, dans la soirée, sur le rond-point de l'Europe à Gap. Plus de 120 personnes ont répondu à l'appel des syndicats agricoles du côté des Alpes-de-Haute-Provence, plus de 80 dans les Hautes-Alpes. Les problèmes sont toujours les mêmes: accord sur le Mercosur, prédation, paperasse. Un trop-plein.
En déplacement en Amérique du Sud, le président de la République a tenté de les rassurer et s'est dit opposé au texte sur le Mercosur en assurant que "la France ne signera pas" le traité "en l'état".
"On veut juste défendre notre métier"
Les agriculteurs, lasses des promesses, ont pris une fois de plus le temps de se rassembler dans la soirée de ce lundi 18 novembre.
"Cette mobilisation est toute aussi importante que celles que l'on fait depuis neuf mois. On veut juste défendre notre métier", déclare à BFM DICI, le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs des Alpes-de-Haute-Provence et exploitant à Dauphin, Sacha Meyer.
Il poursuit: "Il y a des personnes qui font des lois qui permettent de faire rentrer des produits étrangers sur notre territoire, que nous, on n'a pas le droit de produire. C'est désolant. En France, on lave plus blanc que blanc, on tombe dans une impasse. Tout le monde est concerné, l'éleveur, le lavandiculteur, le viticulteur, l'agriculteur".
Âgé de 18 ans, Elie vit aujourd'hui sa première mobilisation et il a encore de l'espoir. "On va se battre pour ce qu'on aime faire et surtout pour que les jeunes encore après nous puissent aussi vivre du métier dignement. Moi, je suis là car on a fini le travail, mais ce n'est pas parce qu'un jour, on finit tôt, que tous les jours, on s'amuse. Aujourd'hui, on prend de notre temps libre pour venir manifester, déjà qu'on n'en a pas beaucoup, il faut que ça aboutisse à quelque chose. Si ça n'aboutit pas, on est prêt à continuer", avertit-il.
Un cri de colère que partage l'exploitant de Dauphin, Sacha Meyer: "Là-haut, ils ne nous entendent pas. Quand on pousse des cris et qu'on montre que ça ne va pas, c'est que ça ne va vraiment pas. On n'est pas là pour se faire griller quatre saucisses et se retrouver, ça non. On sait le faire à côté. On est là pour dire que ça ne va plus".
La députée des Hautes-Alpes Valérie Rossi présente à Gap
Du côté de Gap, même son de cloche. Agricultrice à Rambaud, Christel Gagliardio déplore, elle aussi, le texte du Mercosur. "On rallume les feux de la colère. On nous a vendus du rêve par rapport aux promesses de l'année dernière. On a oublié que l'agriculture, c'est le pilier de l'alimentation et une première nécessité pour les Français", rappelle-t-elle.
Pour la députée socialiste des Hautes-Alpes, Valérie Rossi, venue ce lundi les soutenir, sa mission est de rapporter ces cris de colère à l'Assemblée.
"Je suis totalement d'accord avec eux sur leurs positions sur le Mercosur. Je travaille à la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale, l'agriculture est un des thèmes sur lesquels nous travaillons. Je suis intervenue de nombreuses fois auprès de la ministre, je l'interpellerai une fois encore ce mercredi après-midi. Je suis ici pour prendre la température auprès d'eux, car le gouvernement a fait quelques avancées. Je voudrais comprendre pourquoi ils continuent encore à manifester (et pourquoi) ils ne sont pas encore satisfaits", détaille-t-elle.
Si les agriculteurs n'ont pas de réponse de la part du gouvernement, de nouvelles mobilisations auront lieu et pourront être plus fortes que ce lundi.