"Ma vie n'a pas changé": la randonneuse qui a retrouvé le crâne d'Émile revient sur sa découverte, cinq mois après

Des véhicules de la gendarmerie dans le village du Haut-Vernet, deux jours après la découverte d'ossement du petit Emile porté disparu l'été dernier, le 2 avril 2024 dans les Alpes-de-Haute-Provence. - CLEMENT MAHOUDEAU © 2019 AFP
Plus de cinq mois après avoir découvert le crâne d'Émile non loin du Haut-Vernet dans les Alpes-de-Haute-Provence, Sadia s'est exprimée dans les colonnes de La Provence pour raconter son "éprouvante journée". L'habitante du Vernet profite désormais, comme tous les riverains du secteur, d'une vie calme loin des caméras qui ont suivi chaque étape de l'enquête autour de la disparition du petit garçon.
"Ma vie n'a pas été bouleversée [...] Je n'ai pas été dans un tourbillon. D'autres gens l'ont été, oui. Ceux qui parlent pour ne rien dire et qui ne cessent de colporter des rumeurs. Moi, ma vie, elle n’a pas changé", assure Sadia.
"Je savais que c'était lui"
Le 30 mars, la randonneuse, habituée des sentiers de la région, découvre un ossement. Sadia ne sait pas encore à qui appartient ce crâne mais voilà déjà près de huit mois que le Vernet a vu disparaître Émile, deux ans et demi. Elle fait rapidement le lien. "Ça tombe sur toi...", pense-t-elle alors.
"Je savais que c'était lui. C'était tout petit. Et puis, vu le secteur, il ne fallait pas se raconter d'histoires. J'étais persuadée qu'il s'agissait du crâne de cet enfant", assure-t-elle auprès de La Provence.
Sadia est rapidement choquée, figée, puis tente de se calmer afin de prendre une décision. Le crâne est au milieu du sentier et bien visible, "comme si on avait voulu me le montrer", mais la pluie et le vent font rage et la randonneuse n'a pas de téléphone portable avec elle. "J'ai jugé bon qu'il fallait que je ramasse ce petit crâne."
"J'ai agi en mon âme et conscience"
Une décision qu'elle assume encore aujourd'hui, malgré les nombreuses interrogations des personnes ayant appris comment le crâne avait été retrouvé. Sadia a tout de même été très "nerveuse" au moment de prendre l'os. "C'est la première fois que je portais un crâne. Il était très léger", se rappelle-t-elle pour La Provence.
Elle pose l'ossement dans un sac plastique avec lequel elle avait entouré ses pieds dans ses chaussures pour lui tenir chaud pendant sa marche. Après avoir méticuleusement pris le crâne, Sadia rentre chez elle et appelle les gendarmes de Seyne-les-Alpes.
Elle raconte à La Provence qu'ils sont venus récupérer le sac qui contenait l'os à quelques centaines de mètres de sa maison pour "éviter les commérages".
Près de cinq mois plus tard, l'esprit calmé, Sadia estime toujours avoir agi de la bonne façon et n'écoute pas les critiques. "Tant que l'on n'a pas vécu une telle expérience, on ne doit pas émettre quoi que ce soit."
"J'étais seule. J'ai donc agi en mon âme et conscience, un point c'est tout."
Des analyses des effets personnels d'Émile et de ses ossements sont toujours en cours, mais Sadia refuse de "propager des rumeurs" en esquissant des hypothèses.