"Content de me dire qu’il peut être jugé et puni": le témoignage d'un ex-élève de Saint-Joseph après les accusations de violences sexuelles

Le lycée Saint-Joseph de Gap. - BFM DICI
"Je veux vous dire que je me sens bien, cette relation était consentie", explique celui qui n'avait que 15 ans lorsque les faits se sont produits en 2017. Baptiste* dit ne pas avoir vécu cette relation sexuelle comme une agression. Pour autant, les faits qu’il décrit rappellent précisément le récit de Martin* qui témoignait après de BFM DICI en début de semaine.
Comme Martin, Baptiste témoigne aujourd'hui après les révélations de BFM DICI concernant un professeur du collège lycée Saint-Joseph de Gap, accusé de violences sexuelles sur mineurs et désormais suspendu. Le collège-lycée a saisi la procureure de la République de Gap, qui a ouvert une enquête pour "corruption de mineur" sur la base de deux témoignages d'anciens élèves dont celui de Baptiste.
"Ce n’était pas mon prof. Il était dans le lycée et m’a contacté sur [la messagerie instantanée, NDLR] Messenger comme si de rien n’était", se remémore-t-il. Comme beaucoup d’élèves qu’il côtoie alors, Baptiste évoque un "prof beau gosse".
Il raconte avoir été flatté d’être contacté par ce professeur. Après plusieurs semaines d’échanges sur les réseaux sociaux, le professeur lui propose d’aller chez lui pour jouer aux jeux vidéo.
"Il voulait que je vienne"
Baptiste décide de se rendre à son domicile : "Quand je suis arrivé, il me dit qu’il est surpris de me voir parce que c’était une blague". Le jeune homme, qui a aujourd’hui 23 ans, n’y croit pas. "Il voulait que je vienne", affirme-t-il.
Il finit par entrer dans l’appartement et pendant une partie de la soirée, le professeur et l’adolescent jouent aux jeux vidéo et regardent la télévision. Très vite et sans discussions préalables, la situation dérape: "Il a commencé à me faire des guilis et on a couché ensemble".
Une nouvelle fois, Baptiste se sent obligé de clarifier les choses:"j’étais consentant". L’histoire de Baptiste fait écho à celle de Martin sur plusieurs aspects, dessinant les contours d’un mode opératoire: prise de contact et nombreux échanges sur les réseaux sociaux, puis une invitation à passer du temps à son domicile.
Un témoignage quelques années après
Quelques années après les faits, l’adolescent a décidé de raconter son histoire dans des vidéos sur un réseau social. Selon nos informations, des élèves scolarisés à l’époque au sein de l’établissement avaient connaissance de ces vidéos, aujourd’hui encore en ligne.
Mais Baptiste n’en a jamais parlé à sa famille, qui découvre aujourd’hui cette histoire. Abasourdi, son entourage, contacté par BFM DICI, veut comprendre. "Qui savait? C’est la question que je me pose. Si quelqu’un savait et n’a rien dit, c’est inacceptable", confie un membre de l’entourage familial de Baptiste, peiné de découvrir les révélations concernant ce professeur dans la presse.
Même si le discours de Baptiste n’a pas varié et évoque toujours aujourd’hui une relation consentie, avec du recul, il reconnaît qu’elle n’était pas normale: "Je suis content de me dire qu’il peut être jugé et puni".
Un enseignant suspendu
Dix ans après les faits, beaucoup de questions restent en suspens. Des élèves actuels de Saint-Joseph décrivent un mode opératoire du professeur qui rappelle de manière inquiétante les faits de 2015. Le professeur est aujourd'hui suspendu à titre conservatoire par l'Éducation nationale. Il est présumé innocent.
Le maire de Lettret Rémy Oddou, par ailleurs professeur à l'IUT de Gap, a dénoncé sur BFM DICI ce mardi la réaction de l'établissement privé catholique considérant qu'un simple mail aux parents n'est pas suffisant comme réponse aux accusations visant un enseignant.
L'établissement assure réfléchir à la mise en place d'une cellule d'écoute pour accompagner les élèves scolarisés encore aujourd'hui dans l'établissement.
*Le prénom a été modifié.